De petites installations suffisent pour exploiter l’énergie éolienne. Tout comme les installations photovoltaïques, les petites installations peuvent être aménagées dans le domaine privé, sur les toits des maisons ou sur les bâtiments. À noter que les éoliennes sont considérées comme de petites installations jusqu’à 30 mètres de haut, tandis que toutes celles qui dépassent cette hauteur sont considérées comme de grandes installations.
Avec un rotor d’un diamètre de 140 mètres également, soit une hauteur totale de plus de 200 mètres, de telles installations fournissent une puissance pouvant atteindre 6 mégawatts et peuvent, selon leur emplacement, produire jusqu’à 10 gigawattheures d’électricité par an. Cela correspond à la consommation d’électricité d’environ 3500 ménages (ayant une consommation de 3000 kWh chacun, soit la consommation moyenne de deux personnes dans un immeuble collectif).
En mer, les éoliennes devraient même, dans un avenir proche, être pourvues d’un rotor de plus de 200 mètres de diamètre et atteindre une puissance de plus de 10 mégawatts.
Dangers pour la nature résultant de la construction et de l’exploitation d’éoliennes
La construction d’une éolienne nécessite des routes larges et des véhicules lourds. Si les éoliennes sont construites dans des zones non aménagées jusqu’alors, les atteintes à la nature sont importantes, ne serait-ce que pour la construction de l’éolienne et l’accès ultérieur à l’installation pour son entretien. C’est pourquoi nous militons pour que la construction d’éoliennes se limite aux sites ne nécessitant pas de nouveaux aménagements.
L’exploitation à terre est surtout problématique pour les oiseaux et les chauves-souris. D’une part, il existe un risque de collision, d’autre part, certaines espèces sont sensibles aux dérangements. Les animaux concernés évitent les parcs éoliens et sont ainsi chassés de leur habitat habituel.
En mer également, la construction et l’exploitation peuvent générer des bruits parasites importants qui éloignent les poissons et les mammifères marins de leur habitat.
Les défenseurs de l’énergie éolienne mentionnent souvent le fait que l’installation puisse être démantelée au terme de sa période d’exploitation. Or, ce n’est que partiellement vrai à ce jour:
- Les tours en acier sont relativement faciles à démonter et à recycler.
- La technologie utilisée dans la tête de l’éolienne (nacelle) impose de plus grandes précautions: il faut éviter que des substances nocives pour l’environnement ne s’en échappent.
- Les importantes fondations en béton restent souvent dans le sol après le démantèlement. Cela se justifie seulement si l’installation est soumise à un repowering et qu’une nouvelle installation est construite sur le même site. Dans le cas contraire, les fondations devraient elles aussi être démontées et le béton armé recyclé.
- Aujourd’hui encore, les pales de rotor sont majoritairement composées de matériaux composites à base de fibres, qui ne sont pas réutilisables sous cette forme. Différentes entreprises et institutions travaillent au développement de procédés chimiques ou thermiques afin de séparer les matériaux et de les rendre ainsi réutilisables. On travaille également à la fabrication de pales de rotor recyclables.
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Quelle est la position de Pro Natura vis-à vis de l’énergie éolienne?
- Sjo
En 2022, 41 éoliennes ont produit 0,15 TWh d’électricité. La Confédération estime le potentiel maximal à environ 700 installations. Une telle augmentation aurait toutefois un impact négatif sur la biodiversité. En particulier parce que les sites à fort potentiel éolien sont souvent situés dans des zones importantes pour la biodiversité.
En collaboration avec les associations de l’Alliance-Environnement, nous avons étudié le nombre d’éoliennes pouvant être installées en Suisse sans que la nature ait à en souffrir. Sur la base de ces travaux, nous estimons qu’une extension à 3,1 TWh est possible d’ici à 2035. Cela correspond à environ 300 éoliennes supplémentaires.
Une telle extension nécessite des bases de planification élaborées avec soin, indiquant où se trouvent les zones qui, d’une part, sont exposées à des vents assez forts et, d’autre part, répondent également aux exigences de la protection de la biodiversité. Si ces bases de planification ne sont pas élaborées avec le soin nécessaire, Pro Natura exige le respect des bases légales pour la protection de la nature. Par exemple, lorsque de grandes installations industrielles doivent être construites en dehors de la zone à bâtir.
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Comment développer l’énergie éolienne dans le respect de la nature?
- thamerpic
Les éoliennes ont toujours un impact sur la nature locale. Il est donc important que leur développement soit planifié et coordonné suffisamment tôt. Une extension compatible avec la nature est encore possible en tenant compte des points suivants:
- La construction n’est autorisée qu’en dehors des zones protégées.
- Même en dehors des zones protégées, l’impact sur la faune et la flore, notamment sur l’avifaune locale et migratrice et sur les chauves-souris, doit être clarifié de manière exhaustive.
- La construction et l’exploitation des installations ne doivent pas nécessiter de nouveaux aménagements fixes tels que des routes ou des lignes électriques aériennes. Ce point est particulièrement important dans les paysages préservés. Les voies d’accès doivent rester perméables.
- Les installations doivent être concentrées sur des sites appropriés, de sorte que la nature ne soit pas inutilement affectée et morcelée par des installations isolées.
- La construction et l’exploitation de l’installation ne doivent pas nuire aux objectifs de protection des zones protégées cantonales et communales.
Nous demandons par conséquent qu’au niveau cantonal au moins, et mieux encore au niveau national, l’extension prévue et les sites appropriés soient planifiés de manière globale, coordonnée et transparente.
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Quels sont les sites adaptés aux projets éoliens?
- Matthias Sorg
Notre pays dispose de potentiels éoliens dans l’Arc jurassien et dans certaines vallées alpines, mais aussi en Suisse orientale. Vous trouverez un aperçu des vitesses du vent et des zones à potentiel éolien en Suisse dans l’Atlas des vents de l’Office fédéral de l’énergie.
Aperçu des projets d’énergie éolienne actuellement prévus en Suisse
Le relevé précoce des valeurs naturelles sur les sites prévus est essentiel lors de la planification d’installations éoliennes. C’est la seule façon d’éviter les conflits potentiels relatifs à la biodiversité et au paysage. Pour les parcs éoliens concernés par le projet d’accélération de la CEATE-N, une certaine clarification de ces valeurs naturelles a déjà eu lieu à l’étape du plan d’affectation. C’est pourquoi une procédure d’autorisation simplifiée est acceptable pour ces installations. Cette procédure doit toutefois rester exceptionnelle et ne pas servir de référence pour d’autres procédures d’autorisation.
Au 1er janvier 2023, 43 installations éoliennes ont été soutenues en Suisse par le système de rétribution de l’injection. 457 autres éoliennes ont reçu une garantie de subvention et 356 sont encore sur liste d’attente. Les projets qui disposent déjà de promesses de soutien ne sont pas tous prévus sur des sites appropriés. Pro Natura évalue chaque projet individuellement et cherche le juste milieu entre développement de l’énergie éolienne et protection de la nature. Il faut de la transparence sur les projets et une vue d’ensemble géographique. Notre carte interactive vous apporte une aide dans ce sens.
Éolienne bleue = installation en cours de planification
Éolienne verte = installation en service
Surface bleue = parc éolien en projet
Contours bleus =zone de test de l’énergie éolienne