Paddle SUP: sans poids, mais pas sans conséquences
Quoi de plus beau qu’une chaude journée d’été au bord du lac ? Et quoi de plus fascinant que d’y glisser sur l’eau debout sur une planche, de se laisser dériver comme en apesanteur, en donnant de temps en temps un léger coup de rame, et de jouir de la nature, du paysage et du calme?
Cette pratique sportive, communément appelée paddle ou SUP, est devenue un phénomène de masse. Accessible à toutes les classes d’âge, facile à apprendre et n’exigeant pas d’entraînement particulier, elle ne requiert pas d’autre équipement qu’une planche et une rame. Aujourd’hui, ce matériel peut être loué au bord de tous les lacs et les ventes se chiffrent par milliers.
Un potentiel de dérangement élevé
Que le paddle fasse de plus en plus d’émules n’est pas surprenant. Praticable toute l’année, il convient particulièrement bien aux zones aquatiques peu profonde et proches du rivage, précisément dans des endroits jusqu’ici peu perturbés et particulièrement sensibles. Comme le paddle ne fait presque pas de bruit, beaucoup de personnes pensent à tort qu’il ne présente pas un potentiel de dérangement élevé pour les animaux.
Or des études menées en Allemagne ont montré que la silhouette et les mouvements du rameur sont perçus comme une menace, en particulier par les oiseaux d’eau. A un kilomètre, un rameur peut déjà provoquer une réaction de fuite qui coûte beaucoup d’énergie et stresse les oiseaux, ce qui peut avoir un effet négatif sur la reproduction. Des habitats importants, des sites de couvaison et des zones de repos pour les oiseaux migrateurs et les hivernants sont ainsi menacés.
Des règles peu connues
Swiss Canoe, la Fédération Suisse de Canoë-Kayak, est consciente du problème. Selon Annalena Kuttenberg, sa secrétaire générale, «de nombreux adeptes du paddle sont sensibles et ouverts aux questions de protection de la nature, mais il leur manque les connaissances nécessaires». L’impact de leur activité et les règles en vigueur, notamment dans les réserves naturelles, sont peu connus.
Cette ignorance concerne aussi les règles de navigation. Rares sont les amateurs de ce sport qui savent qu’ils doivent obéir à certaines règles, exactement comme les bateaux à moteur et à voile. Alors que les navigateurs ont besoin d’un permis, aucun examen n’est requis pour prendre sa planche et se lancer sur l’eau.
Face à cette situation, Pro Natura et Swiss Canoe s’engagent activement avec d’autres partenaires pour informer et sensibiliser le public concerné. Un nouveau dépliant explique désormais comment se comporter pour moins déranger l’avifaune. Ce document contient des règles simples qui montrent où sont les endroits à faible potentiel de dérangement, les zones sensibles à éviter et celles où le paddle est interdit.
Pro Natura espère que, dès cet été, les pratiquants de ce sport choisiront des itinéraires plus respectueux de l’environnement. Les principales associations sportives et les organisations de la branche étant associées à cette démarche, il y a de bonnes raisons d’être optimiste.
Comment limiter les dérangements pour les oiseaux et les autres animaux sauvages?
En respectant les règles énoncées ici, les pagayeurs peuvent se montrer respectueux et limiter les dérangements – c’est-à-dire le stress subi par les oiseaux d’eau et les autres animaux sauvages.
Une condition essentielle pour pratiquer le paddle en causant le moins de dérangement possible est de s’informer au préalable sur les lieux d’entrée et de sortie de l’eau, sur les aires protégées, et sur le potentiel de dérangement sur les plans d’eau concernés. Merci beaucoup de votre attention!
Choisir des zones à faible potentiel de dérangement
- Etendues d’eau ouvertes, dans la mesure où aucun attroupement d’oiseaux d’eau n’est
constaté - Agglomérations et zones de berges aménagées
- Stefan Werner
Pagayer avec prudence et respect
- Ne pas se diriger directement vers les oiseaux et ne pas les suivre.
- Ne pas accéder au plan d’eau en traversant la végétation des berges. Utiliser les lieux officiels d’entrée et de sortie de l’eau, ainsi que les zones de loisirs.
- Augmenter la distance si les oiseaux semblent réagir (p.ex. s’ils s’éloignent).
- Ne pas pagayer de nuit. Les oiseaux sont également sensibles la nuit.
- Reinhold Wick
Eviter les zones sensibles
- Devant les roselières. Des oiseaux sensibles aux dérangements y vivent, particulièrement au printemps et en été, et ils réagissent même à longue distance.
- En vue d’attroupements d’oiseaux d’eau. Si un seul oiseau s’envole, le groupe entier peut suivre le mouvement et s’envoler aussi.
- Îlots de gravier et remblais. Des oiseaux sensibles aux dérangements les utilisent comme sites de repos et de nidification.
- Embouchure des cours d’eau. Lorsqu’il fait très chaud, c’est souvent le dernier endroit frais où les poissons peuvent se réfugier.
- Verena Keller
Renoncer au paddle
- Dans les réserves naturelles et leurs environs. Ces sites sont généralement indiqués par des bouées ou des panneaux jaunes.
- Dans les réserves d’oiseaux d’eau et de migrateurs, et leurs environs. Des espèces d’oiseaux menacées y nichent, s’y reposent et y passent l’hiver.
- Les peuplements de plantes aquatiques comme les roseaux, les joncs et les nénuphars doivent être évités.
- Association de la grande Cariçaie
Vos interlocuteur·trice·s pour toute question relative au SUP
Les habitats protégés essentiels comme les réserves d’oiseaux d’eau et de migrateurs, les zones alluviales et les marais sont indiqués sur le géoportail fédéral. Les cantons peuvent émettre des restrictions supplémentaires pour le paddle.
Pour les questions concernant les situations locales et régionales, il convient de s’adresser
- aux services cantonaux de la chasse
- aux services cantonaux de la protection de la nature (en allemand)
- à la police du lac (en allemand)
- aux services cantonaux de la navigation
Pour les questions relevant du droit national en matière de protection de la nature, s’adresser à:
Afin de garantir sa sécurité lors de la pratique du paddle, quelques principes sont à observer (www.swisscanoe.ch). Il est également important de prendre en compte les conditions de l’eau et de la météo.
Informations complémentaires
Info
Cet article a été publié dans le Pro Natura Magazine.
Le Magazine Pro Natura vous dévoile les petites merveilles de la nature, vous informe des projets sur le terrain de l’association et vous présente des personnalités captivantes. Des belles images et des offres exclusives complètent le plaisir de la lecture. Tous les membres Pro Natura le reçoivent en exclusivité cinq fois par année le magazine sur la protection de la nature en Suisse. Sur 44 pages, le Magazine Pro Natura porte un éclairage sur les dessous des décisions politiques, présente des recherches et explique la nature. Il informe où, comment et pourquoi Pro Natura lutte pour la nature.