29.03.2017

La lourde pollution du Doubs enfin prouvée

Communiqué aux médias de la part de Pro Natura, WWF et FSP

Deux études mandatées par Pro Natura, le WWF et la Fédération suisse de pêche FSP viennent de révéler des résultats approfondis sur l’état de la rivière du Doubs. La contamination par les micro- et macropolluants est chronique et beaucoup plus diversifiée que ce que montrent les analyses officielles. Les autorités sont appelées à faire davantage en faveur du Doubs et à étoffer leur plan d’action.

Fin 2014, Pro Natura, le WWF et la FSP ont mandaté deux experts pour réaliser des études sur la qualité des eaux du Doubs, l’habitat de l’apron et les pratiques agricoles dans le bassin versant du Doubs jurassien. Il s’agissait de compléter le travail des autorités par une méthode novatrice. Livrés en février 2017, les résultats sont alarmants: la contamination chronique du Doubs par les micro- et macropolluants est beaucoup plus diversifiée que celle qui ressort des anciennes analyses.

Cette pollution a des répercussions sur l’habitat de l’apron, une espèce de poisson en voie de disparition, et sur l’état général de la rivière. Sur plusieurs longs tronçons de la rivière, sa capacité d’autoépuration est devenue insuffisante. Le cocktail de micropolluants peut constituer, à plusieurs endroits, une barrière chimique infranchissable pour les aprons. Par ailleurs, il est redouté que le cocktail de micropolluants affecte le système immunitaire des poissons. «Ces résultats montrent que des mesures supplémentaires doivent être mises en œuvre pour sauver le Doubs», indique Sophie Michaud Gigon, secrétaire romande de Pro Natura.

Substances interdites détectées

À certains endroits, les effluents industriels et urbains sont particulièrement marqués. C’est le cas à Soubey, où la qualité de l’eau est très affectée par plusieurs petites STEP. Ailleurs, ce sont les pesticides et engrais agricoles qui affectent l’eau. Des pyréthrinoïdes, insecticides liés à l’exploitation du bois, ont été détectés. Ils sont particulièrement présents dans le Bief de Fuesse, un affluent du Doubs dans lequel les macroinvertébrés ont disparu. À Morteau, une pollution à la cyperméthrine atteignant 1,5 fois la norme a été mesurée. Enfin, des traces de polychlorobiphényles(PCB), dont l’action immunotoxique est avérée, ont été détectées presque partout dans la rivière, et certaines substances interdites ont même été identifiées.

Besoin rapide de mesures supplémentaires

Pour les ONG, le plan d’action en faveur du Doubs doit être complété par des mesures supplémentaires. Des actions doivent être entreprises pour que l’agriculture dans le bassin versant du Doubs s’oriente vers des pratiques biologiques et moins intensives. La sylviculture doit devenir moins polluante. Les autorités doivent en outre ouvrir un volet «petites STEP», importantes pour limiter les polluants rejetés, et collaborer avec les instituts universitaires pour approfondir les connaissances sur l’état de la rivière. Pro Natura, le WWF et la FSP se réjouissent d’avoir déjà contribué à ces connaissances et continueront à œuvrer en tant que partenaires dans ce dossier prioritaire pour la nature en Suisse.

Personnes de contact:

  • Sophie Michaud Gigon, secrétaire romande et membre de la direction de Pro Natura, tél. 077 434 64 08, @email
  • Catherine Martinson, membre de la direction du WWF Suisse, tél. 079 360 56 75, @email
  • Maxime Prevedello, bureau directeur de la FSP, tél. 079 317 00 94, @email

Les études:

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