Jeunes loups de Calanda: Les appâts à renards sont en cause
Dans son édition du jour, le journal alémanique Tages-Anzeiger annonce que les renards continueront d'être nourris dans la région de Calanda et ce même en bordure des zones habitées. Or, une meute de loups vit dans la région et cette mesure a pour effet d'attirer aussi les jeunes loups à proximité des habitations. Un comportement que les autorités cantonales n'hésitent pas à qualifier de «problématique». Pro Natura et le WWF Suisse demandent donc aux cantons d'interdire de manière conséquente l'appâtage des animaux sauvages dans les zones où vivent des loups. Compte tenu de cette situation, les conditions requises pour abattre deux jeunes loups ne sont pas remplies.
Il y a quelques jours, les cantons des Grisons et de Saint-Gall ont demandé à l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) une autorisation de tir pour deux jeunes loups de la meute de Calanda. En cause: leur comportement «problématique».
Comme le révèle aujourd'hui le Tages-Anzeiger sur la base d'informations de la population vivant dans la région concernée, les renards sont toujours attirés à proximité des zones habitées au moyen de déchets carnés déposés à cet effet. En hiver particulièrement, les loups réagissent aussi à cette offre de nourriture. Un jeune loup a déjà été victime de cette pratique l'hiver dernier, abattu par un chasseur qui l'aurait confondu avec un renard. Pro Natura et le WWF ont déjà attiré l'attention sur ce problème par le passé. Visiblement, les cantons des Grisons et de Saint-Gall ne sont toutefois pas en mesure d'appliquer de manière conséquente les limitations concernant l'appâtage sur le territoire du loup. Tant que cette pratique perdure, il est cynique de reprocher un manque de timidité aux jeunes loups et de vouloir les «éduquer» en les abattant.
Stratégie incompréhensible et risquée
Les cantons de Saint-Gall et des Grisons courent par ailleurs un risque non négligeable avec leur stratégie d'abattage: ils espèrent que cette intervention à titre préventif aura un effet éducatif au sein de la meute. Un tel résultat est exclu d'avance, tant qu’il reste de la nourriture à proximité des habitations. Les expériences faites dans différents pays montrent que lorsque la structure d'une meute est déstabilisée par des tirs, les attaques à l'encontre des animaux de rente peuvent s'intensifier. Il est donc très probable que les tirs arbitraires d'animaux isolés de la meute ne résolvent pas les problèmes, mais qu'ils en créent d'autres.
Critiques de la population
Les autorités cantonales prétendent qu'au sein de la population, l'humeur est en train de tourner au rejet à l'égard de la meute de loups. Les nombreuses réactions à la demande d'autorisation d'abattage montrent toutefois une réalité différente: bon nombre d'habitants de la région de Calanda sont heureux de la présence du loup et considèrent sereinement les rencontres occasionnelles avec cet animal.
Dans la loi, la condition à l'autorisation de tir demandée est un «grave danger» pour la population. Il est clair que dans le cas présent, cette condition n'est pas remplie. Pro Natura et le WWF demandent donc à l'OFEV de rejeter la demande de tir.
Que prévoit l'ordonnance sur la chasse?
Le rapport explicatif du 1er juillet 2015 sur la révision de l'ordonnance sur la chasse précise ce qui suit:
«(...) Si l'on veut éviter que les loups ne s'habituent à l'homme et perdent leur crainte naturelle, certaines mesures sont utiles. Il faut surtout éviter de les attirer à proximité des habitations avec de la nourriture - précaution qui s'applique également à la gestion de l'ours (voir annexe 5, Plan ours, 2009). C'est la raison pour laquelle les cantons doivent interdire aux chasseurs de placer des appâts carnés sur le territoire des loups et éviter également que des loups soient attirés dans les zones habitées par des déchets (comme les placentas du bétail dont on se débarrasse sur les tas de fumier) ou même par la nourriture donnée aux animaux domestiques. (...)». Les directives sur la chasse du canton des Grisons prévoient en outre: «(...) Dans les zones où la présence du loup est constante, le garde-faune peut supprimer ou interdire les lieux où les renards sont nourris, dans la mesure où l'écart nécessaire par rapport aux zones habitées n'est pas respecté. (...)»
Informations complémentaires:
Gabor von Bethlenfalvy, spécialiste des grands prédateurs, WWF Suisse, 076 552 18 09,
Pierrette Rey, porte-parole du WWF Suisse, 079 662 47 45,
Mirjam Ballmer, cheffe de projet Pro Natura en politique de protection de la nature, 079 416 65 94