Les antibiotiques c’est pas automatique
Personne n’aurait l’idée de prendre des antibiotiques sans être malade. Et pourtant, leur administration à titre préventif est monnaie courante dans la production animale suisse. Avec des conséquences importantes pour l’homme: il y a toujours plus de maladies résistantes à ces médicaments. Pro Natura demande l’interdiction de l’utilisation des antibiotiques à titre préventif. Et d’une manière générale une diminution drastique des antibiotiques dans la production animale, qui en utilise aujourd’hui plus de 50 tonnes par année.
Les antibiotiques sauvent des vies. Mais leur utilisation exagérée et incorrecte dans la médecine humaine et vétérinaire a provoqué une multiplication des cas de bactéries immunisées. L’augmentation des résistances aux groupes d’antibiotiques importants et la multiplication des germes multirésistants sont inquiétantes. Il est devenu urgent de réagir. Ce n’est que récemment que la Commission fédérale d'experts pour la sécurité biologique (CFSB) a averti que les agents pathogènes qui sont résistants aux antibiotiques actuels sont «la plus grande menace pour la santé de la population en Suisse». Le Conseil fédéral veut enfin attaquer ce problème. Il a envoyé en audition une stratégie nationale contre la résistance aux antibiotiques. Elle s'est terminée le 15 mars 2015.
Des points centraux sont malheureusement absents de cette stratégie alors qu’ils sont nécessaires pour obtenir une réelle amélioration de la situation. Pro Natura appelle donc la Confédération à compléter sa Stratégie contre la résistance aux antibiotiques avec les points suivants:
Pas d’administration préventive d’antibiotiques
L’administration préventive d’antibiotiques dans la production animale doit être interdite. Et une production animale si intensive qu’elle ne peut exister que si les animaux reçoivent préventivement des médicaments sous peine de tomber malades doit être modifiée.
Dans l’ensemble moins d’antibiotiques dans la production animale
Les autorités doivent proposer rapidement une voie qui permette aussi de diminuer globalement l’utilisation des antibiotiques dans l’agriculture. Le Conseil fédéral doit pour cela transmettre clairement la responsabilité à un office. Il règne en effet actuellement un vide de leadership et tout le monde se refile comme une patate chaude la question des résistances aux antibiotiques pourtant si importante pour la santé humaine.
Éliminer correctement le lait chargé en antibiotiques
Il faut en outre cesser immédiatement d’éliminer le lait chargé en antibiotiques dans les aliments fourragers, le lisier ou les égouts. Aujourd’hui, plus de 80'000 tonnes de lait contenant des résidus d’antibiotiques provenant de la production laitière intensive finissent soit dans l’estomac d’animaux en bonne santé soit dans la fosse à purin ou les égouts.
Renoncement volontaire et vétérinaires clairvoyants
L’appel s’adresse aussi aux vétérinaires: ils prescrivent chaque année plus de 50 tonnes d’antibiotiques à des animaux agricoles. On veut aussi des paysans critiques: chaque ferme devrait réduire d’elle-même les antibiotiques aux seuls cas médicalement justifiés. Chaque antibiotique économisé diminue les coûts dans l’agriculture et sert l’homme, les animaux et l’environnement.
Informations supplémentaires:
Marcel Liner, chef de projet en politique agricole, tél. 061 317 92 40, @email
Service médias Pro Natura: Nicolas Wüthrich, tél. 024 423 35 67, 079 212 52 54, @email