Le Conseil national refuse d’allouer des moyens financiers vitaux pour la protection de la nature
Les trois quarts des biotopes d’importance nationale ne sont pas entretenus correctement, comme le révèlent les données relevées auprès des cantons. C’est proprement scandaleux, car nombre de ces lieux sont les joyaux du patrimoine naturel suisse. Ces sites qui couvrent à peine 2% du territoire national constituent des sanctuaires pour les espèces menacées et stockent l’eau et le CO2. Le manque de moyens financiers est particulièrement criant dans le domaine de la protection des marais. Les données récentes montrent que ces milieux ne cessent de se détériorer. Le Conseil national n’en a pas moins confirmé aujourd’hui la décision d’amputer de 276 millions de francs le crédit affecté à la préservation des biotopes dans le plan financier pour ces quatre prochaines années.
Une ardoise de plusieurs milliards de francs laissée aux générations futures
Le Conseil fédéral a proposé cette coupe en la justifiant par le non-aboutissement du contre-projet à l’initiative Biodiversité. Or l’assainissement des biotopes d’importance nationale n’a rien à voir avec cette initiative: la Confédération et les cantons ont l’obligation de les protéger et de les entretenir depuis 1988; quant à la protection des marais, c’est une tâche constitutionnelle depuis l’acceptation de l’initiative Rothenthurm en 1987. En diminuant les moyens alloués à la protection de la nature, la Confédération contredit sa propre évaluation de la situation, après avoir elle-même reconnu que l’entretien des biotopes et notamment des marais avait pris un retard considérable. Nous comprenons aujourd’hui que quand elle assurait vouloir améliorer la qualité des aires protégées existantes, il s’agissait d’une déclaration de pure forme.
Contrairement à ce que semble croire le Parlement, l’entretien et l’assainissement concret des biotopes d’importance nationale ne peuvent pas être différés plus longtemps. Les marais privés d’eau et les prairies maigres surfertilisées ne tardent pas à se dégrader. Lorsqu’il est possible de les sauver, ce qui n’est pas toujours le cas, leur remise en état exige d’énormes moyens.
Le refus de financer les mesures urgentes de protection de la nature est d’autant plus incompréhensible que le Conseil fédéral a lui-même estimé que ne rien faire pour enrayer la disparition des espèces nous coûterait 14 à 16 milliards de francs par année à partir de 2050.
Informations complémentaires:
- Rapport de 2021 sur l’état de la mise en œuvre des inventaires de biotopes d’importance nationale
- Résultats du suivi des effets de la protection des biotopes – résumé (PDF, 5 MB, 25.11.2019)
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Photo: Raphael Weber