Animal de l’année 2010: l’abeille à longues antennes
Les abeilles sauvages constituent un maillon écologique important dans la nature car elles jouent le rôle de pollinisateurs. Par ce choix, Pro Natura souhaite attirer l’attention du public sur les millions d’insectes, souvent «invisibles» pour le novice, qui préservent la base même de notre existence: la biodiversité. L’abeille à longues antennes est une petite pièce d’un grand puzzle. Avec ses longues antennes et son dos recouvert de poils, l’abeille à longues antennes se fait tout de suite remarquer parmi les abeilles sauvages (insectes de l’ordre des hyménoptères et de la famille des apidés). Comme la plupart d’entre elles, l’abeille à longues antennes est une solitaire, à la différence de sa cousine mieux connue, l’abeille domestique, qui vit en communauté. L’abeille à longues antennes niche dans un terrier qu’elle aménage dans un sol nu, sablonneux ou limoneux. Pour se nourrir, l’abeille à longues antennes s’est spécialisée dans les papilionacées. C’est pourquoi on la rencontrera plutôt dans des prairies sèches, et des glaisières. Sa période de vol s’étend à peu près de mai à la fin juillet.
L’orchidée compte sur l’abeille à longues antennes
L’ophrys bourdon (Ophrys holosericea) a développé une stratégie irrésistible pour amener l’abeille à longues antennes à effectuer sa pollinisation. Les fleurs de l’ophrys bourdon attirent les mâles d’abeille à longues antennes en imitant la forme et l’odeur de la femelle. Dès que le mâle se pose sur une fleur pour ce qu’il pense être un accouplement, du pollen lui tombe sur la tête. Pollen que l’insecte mâle, déjà attiré par d’autres odeurs présages de reproduction, déposera dans une nouvelle fleur d’ophrys bourdon. L’insecte jouant le rôle de «taxi» pour le transport du pollen contribue donc involontairement à la pollinisation. Cette orchidée compte parmi les fleurs qu’on dit exercer une «confusion sexuelle». Sans abeilles à longues antennes, l’ophrys bourdon ne pourrait pas survivre. Chaque espèce compte!
- Nicolas J. Vereecken
L’abeille domestique n’est pas seule!
L’abeille domestique et ses produits sont connus et appréciés. Avec Maya l’abeille, elle a conquis de nombreux cœurs d’enfants sous sa forme littéraire (en 1912) et cinématographique (dès 1976). Mais on ignore souvent qu’à côté de l’abeille domestique, il existe environ 580 espèces d’abeilles sauvages en Suisse et environ 30’000 dans le monde entier. À la différence de l’abeille domestique, la plupart des abeilles sauvages ne vivent pas en communauté mais appartiennent à des espèces solitaires et discrètes. Les abeilles sauvages jouent un rôle écologique essentiel comme pollinisateurs de plantes sauvages et cultivées. Le nectar des fleurs constitue leur principale source de nourriture. Elles approvisionnent leur couvain en pollen et en nectar. Selon l’espèce, elles trouvent leur site de nidification dans des lieux les plus divers. Les abeilles sauvages nichent dans des sols sablonneux ou limoneux, dans des coquilles d’escargots, elles creusent des trous dans le bois mort, construisent des nids dans les tiges de plantes ou dans des murs en pierres sèches.
- Nicolas J. Vereecken
Toute une vie consacrée au couvain
La vie de la femelle abeille sauvage tourne autour du nid qu’elle se construit elle-même et où elle passe la plupart de son temps: elle y pond ses œufs et le couvain va s’y développer. C’est seulement pour trouver nourriture ou matériaux de construction qu’elle quitte cet endroit sûr. Elle dépose un œuf avec du pollen et du nectar dans chaque cellule, unité de base du nid, qu’elle referme ensuite avec par exemple du limon. Les cellules se succèdent jusqu’à ce que le nid soit rempli. C’est dans ces cellules que s’effectue la métamorphose complète de l’œuf en abeille entre l’automne et le printemps. La femelle passe ainsi les quelques semaines de sa période de vol – du printemps à l’été – à veiller sur le couvain pour assurer sa descendance.
- Nicolas J. Vereecken
Les abeilles sauvages toujours moins nombreuses
De nombreuses abeilles sauvages (hyménoptères de la famille des apidés) figurent sur la liste rouge des espèces menacées de Suisse. Le recul aussi bien du nombre d’espèces que d’individus a été considérable au cours de ces dernières décennies. Les raisons en sont multiples mais elles sont généralement liées au comportement humain. Les habitats naturels de nombreuses espèces d’abeilles sauvages ont disparu ou se sont dégradés. L’agriculture intensive, l’utilisation de pesticides, la construction d’infrastructures comme les routes et les bâtiments péjorent ou détruisent les habitats naturels, les lieux de nidification et l’offre en nourriture des abeilles sauvages. Il y a toujours moins d’espaces verts et les espaces ouverts restants sont souvent exploités trop intensivement. Ces deux facteurs menacent la pérennité des quelques 580 espèces d’abeilles sauvages de Suisse.
- Pro Natura
Sans plantes sauvages pas d’abeilles sauvages, et inversement!
La période de vol des abeilles sauvages ne dure que quelques semaines entre le printemps et l’été et elle présente des variations selon les espèces. Les fleurs sauvages, les buissons et les arbres fruitiers qui offrent aux abeilles sauvages la nourriture dont elles ont besoin fleurissent souvent durant une période très limitée. Il faut ainsi qu’il y ait durant les quelques semaines de vol des abeilles, suffisamment de nourriture pour elles et leur progéniture. Si les abeilles sauvages sont très dépendantes de l’offre alimentaire existante, leurs plantes nourricières ont aussi besoin d’elles pour la pollinisation. On a donc là une parfaite illustration des interactions existant entre animaux et plantes. Les espèces animales et végétales ne peuvent survivre séparément. Elles font partie de la biodiversité et dépendent les unes des autres, ainsi chaque espèce compte. L’être humain aussi fait partie de la biodiversité et dépend d’elle. C’est pourquoi nous devons la protéger.
- M. Sorg
Osons le désordre et la diversité dans nos jardins!
En aménageant et en entretenant nos jardins de manière naturelle, nous pouvons faire beaucoup pour les abeilles sauvages, sans grands efforts. Le principe est simple: il faut avoir le courage d’accepter un certain désordre pour laisser place à la diversité. La contribution la plus importante à la protection des abeilles sauvages réside dans la préservation et la valorisation de milieux naturels.
Vous pouvez être utile aux abeilles avec:
- Un jardin aux structures très diverses avec des plantes indigènes de différentes formes et périodes de floraison.
- Une prairie riche en espèces que vous fauchez en plusieurs fois: en ne fauchant que certaines parties du pré, on conserve un milieu naturel pendant une plus longue période.
- Des zones ouvertes avec des sols sablonneux ou limoneux.
- Des tas de gravier et de bois mort, des murs en pierres sèches, des coquilles d’escargots et des tiges de plantes.
Avec ces mesures simples, nous pouvons aider les abeilles sauvages à se nourrir et à se reproduire. Mais pensez aussi que le couvain des abeilles se développe pendant l’hiver dans les nids. Laissez donc dans votre jardin des tiges de plantes et des coquilles d’escargots jusqu’au printemps, sans quoi tout un couvain pourrait être perdu. Si vous voulez faire encore davantage pour les abeilles sauvages, vous trouverez au début de la page un mode d’emploi pour la construction d’hôtels à abeilles (en allemand).
- M. Sorg