Biodiversité forestière – Action Pics & Cie Fribourg

Dans le canton de Fribourg, une forêt est définie comme étant une surface boisée d’au moins 800 m² et 12m de large. Pourtant, cela doit aller de soi, une forêt est bien plus qu’un simple alignement d’arbres voués à être récoltés. La forêt suisse est avant tout un milieu naturel magnifique et très diversifié dans lequel vivent plus de 26'000 espèces, soit 40% de toutes les espèces connues en Suisse (animaux, plantes, champignons, lichens, micro-organismes). Pour bien se rendre compte de la diversité d’une forêt, il faut savoir regarder dans toutes les directions, horizontalement et verticalement : vers les lisières, vers les couronnes, dans les ruisseaux, à la base des racines, dans le sol, sur le tronc, dans un éboulis, etc., car chaque microhabitat recèle une part importante de la vie forestière.

En dehors de la valeur naturelle évidente des forêts, les forêts ont également une « utilité » pour la société. Pour synthétiser tous les bienfaits que nous apporte la forêt, des fonctions forestières ont été définies par le milieu académique et politique : filtration et stockage de l’eau, production de bois, protection contre les dangers naturels (avalanches, chutes de pierres, glissements de terrain, processus torrentiels), lieu de détente pour la population, fixation du CO², etc. C’est de la coexistence de toute ces fonctions qu’est née la gestion dite multifonctionnelle de nos forêts.

Il n’est pas rare d’entendre dire nos anciens « qu’à l’époque, les forêts étaient propres, on pouvait manger par terre ». Si ces termes peuvent évoquer chez certain·e·s une certaine nostalgie du temps où chaque mètre carré de forêt était intensément exploité, il est devenu clair à la lumière des connaissances scientifiques actuelles qu’une forêt en libre évolution, qui s’entretient toute seule, avec du bois mort sur pied, des troncs et branches par terre, des souches en décomposition, etc., est avant tout une forêt vivante ! De très nombreux organismes en forêt sont saproxyliques, ce qui veut dire qu’ils dépendent du bois mort et des vieux arbres. A titre d’exemple, un vieux chêne peut abriter entre 300 et 500 espèces. Une forêt en « désordre » n'a donc aucunement besoin d'être entretenue, mais constitue souvent un habitat irremplaçable pour beaucoup d’espèces.

Une forêt exploitée ne connaît qu’une partie de son développement naturel, car trop systématiquement l’exploitation forestière (coupe des arbres aux environs du tiers de leur vie) empêche les arbres d’atteindre leur phase de sénescence et de décomposition (voir schéma). Ceci résulte en des proportions de bois morts et de vieux arbres bien souvent trop insuffisantes pour la nature. Il est donc primordial, pour atteindre un véritable réseau d’habitats de qualité, de laisser par endroits la forêt se développer naturellement. La création de réserves forestières et d’ilots de sénescence à travers tout notre territoire est une réponse nécessaire à la crise de la biodiversité, et Pro Natura soutient fermement cette cause, au-delà des objectifs encore trop peu ambitieux de la confédération et du canton de Fribourg.