Invitez des papillons chez vous!
Pour commencer, une bonne nouvelle: celui qui aime tout ce qui vole et grouille dans son jardin n’aura qu’une devise: «vivre et laisser vivre»! Ce qui ne demandera pas un travail trop astreignant. Plantez avant tout des buissons et des fleurs sauvages indigènes. Les papillons ne s’invitent que lorsque la table est bien mise. Des plantes telles que les carottes sauvages, les centaurées, les œillets des chartreux, ainsi que les haies de saules, de viorne obier ou lantane transforment chaque jardin en un paradis pour papillons.
Par contre, le laurier-cerise ou les haies de thuyas, tout comme les gazons uniformes, sont stériles et inutiles pour les papillons. Les plantes ornementales exotiques sont sans valeur pour les chenilles indigènes, parfois même toxiques. Évitez aussi l’«arbre à papillons» ou buddleia (Buddleja sp.). Il est considéré comme une espèce envahissante qui supplante les plantes indigènes.
Jardiner bio
Entretenez votre jardin selon les principes biologiques. Ce sera tout bénéfice pour les papillons, mais aussi pour de nombreuses autres espèces animales. Renoncez aux insecticides de synthèse, qui nuisent surtout aux chenilles, mais aussi aux papillons. Les engrais de synthèse et les produits contenant de la tourbe ne sont pas non plus les bienvenus dans les jardins à papillons. Préférez-leur le compost et le paillis.
Cinq conseils pour davantage de diversité
Les papillons ont besoin de diversité. Les différentes phases de leur vie dépendent souvent de plantes et de lieux différents.
- Offrez une prairie fleurie. Ne fauchez que rarement et jamais entièrement. Les papillons trouvent ainsi des plantes nectarifères et suffisamment d’espace pour la ponte des œufs. Les herbes des prairies sont une nourriture bienvenue pour les chenilles.
- Gardez un coin sauvage avec des orties et des chardons. Ces plantes sont une source de nourriture pour de nombreux papillons et chenilles.
- Plantez des haies d’arbustes indigènes. Elles offrent nourriture et refuge aux papillons et chrysalides.
- Avez-vous dans votre jardin des baies, des légumes et des fines herbes en fleurs? Tant mieux, c’est une nourriture précieuse pour de nombreuses chenilles et espèces de papillons. Votre générosité sera également sollicitée lorsque la chenille du machaon s’installera sur les fanes des carottes.
- Soyez paresseux – mais de façon intelligente – quand viendra le moment de nettoyer votre jardin. De vieux arbres offrent des abris appréciés pour l’hiver, il en va de même pour des amas de branches, des sous-arbrisseaux secs, des herbes sèches et des plantes grimpantes.
Invitez les papillons sur votre balcon
Un balcon peut également être aménagé pour accueillir des papillons. Remplacez les géraniums par des espèces indigènes, riches en nectar. Les papillons affectionnent les plantes aromatiques aux fleurs odorantes. En revanche, vous ne trouverez pas de chenilles sur leurs feuilles, car leurs substances aromatiques constituent un répulsif naturel contre les chenilles.
Les plantes grimpantes conviennent bien à l’aménagement d’une tonnelle ou à la végétalisation d’une façade et créent une ambiance particulière. Les feuilles servent d’abri aux papillons et les fleurs leur fournissent du nectar à volonté. Votre balcon se métamorphose ainsi en une oasis de verdure.
Vous trouverez de plus amples informations sur l’aménagement d’un jardin à papillons dans la notice «Les papillons dans votre jardin» de Pro Natura. Cette brochure dresse le portrait des espèces de papillons les plus fréquentes avec des photos en couleurs de chenilles et de papillons, une sélection des plantes à nectar et nourricières les plus importantes, ainsi que des conseils pratiques pour l’aménagement d’un jardin ou d’un balcon. La brochure «Prairies fleuries, aménagement et entretien» vous indiquera comment agrémenter votre jardin d’une prairie fleurie multicolore.
Questions régulièrement posées sur le thème des papillons
Régulièrement, les gens posent des questions à Pro Natura à propos des papillons. Voilà un échantillonnage des questions les plus souvent posées. Avez-vous d’autres questions sur les papillons? Notre équipe-conseil vous renseignera volontiers (mais pas sur la détermination d’espèces de papillons, c’est souvent une tâche d’expert). Les frais d’imprimés et de port sont facturés.
Près de 3600 différentes espèces! Il n’y a pas seulement les beaux papillons de jour qui font partie des papillons. Ils ne sont en fait qu’une minorité, seulement 196 espèces. Les mites sont également des papillons (notamment les mites de la laine ou les mites des aliments), les phalènes, le bombyx du mûrier et bien d’autres sont des papillons au sens strict du terme. On en a décrit dans le monde entier plus de 150’000 espèces.
C’est le terme général scientifique utilisé pour l’ordre des papillons et signifie «aile écailleuse». En effet, les ailes des papillons sont couvertes de minuscules écailles. Au touché, celles-ci se détachent relativement facilement et restent collées aux doigts, ce qui n’entrave en rien la capacité de vol du papillon.
Élever des papillons revient au même que nourrir les oiseaux en hiver: pour la conservation de l’espèce, cela ne sert à rien. Prélever des chenilles de papillons dans la nature, les élever chez soi et les lâcher ensuite une fois la métamorphose achevée ne changent pas la qualité de leur habitat, actuellement mauvaise dans de nombreuses régions suisses. Certes, on verra plus de papillons à court terme, mais ils disparaîtront de nouveau à long terme car il n’y aura pas de place pour eux dans le paysage. Cette mesure peut même être nuisible. Lorsque les conditions d’élevage diffèrent de celles de l’habitat naturel, les chances de survie peuvent être influencées en mal (les papillons d’élevage s’échappent trop tôt de la chrysalide), et les chenilles prélevées manquer à la nature.
L’élevage a aussi des effets positifs. Élever une chenille de papillon, la voir effectuer sa métamorphose jusqu’à devenir papillon est une expérience fascinante et instructive. C’est une activité qui se justifie à condition d’élever des espèces qui ne sont pas menacées (la piéride de la rave et le paon de jour, par exemple), de prélever peu de chenilles dans la nature et, les chenilles une fois devenues papillons, de les relâcher au même endroit.
Une réintroduction de certaines espèces peut être envisagée lorsqu’un habitat de papillons a été restauré de telle sorte qu’une population pourrait y vivre à nouveau mais qu’elle est incapable d’y revenir d’elle-même. Pour de tels projets de réintroduction, il y a des conditions-cadres reconnues au plan international. Elles doivent être respectées. De telles mesures doivent toujours être limitées dans le temps.
Certaines espèces de papillons sont protégées en Suisse ou dans certains cantons. Il est donc interdit, à part sur autorisation officielle, de les capturer, de les garder et de les relâcher. L’Animal de l’année 2003, le Machaon, est protégé dans les cantons d’Argovie, de Berne, de Genève*, d’Obwald, de Schaffhouse et de Vaud*
(*Genève et Vaud ont une disposition spéciale pour toutes les espèces d’invertébrés).
Qui veut plus de mouvements d’ailes et de couleur dans son jardin devrait modérer ses travaux de jardinage et planter avant tout des buissons et des herbes indigènes. Les chenilles ont besoin des plantes adéquates pour se nourrir et les papillons de suffisamment de nectar. Au jardin, les ennemis des papillons sont entre autres la haie de thuyas, les lauriers-cerises et les gazons stériles. Les fleurs sauvages comme les carottes sauvages et les centaurées, ainsi que les arbres et arbustes comme les saules, les épines noires ou les boules de neige (viorne obier) transforment un jardin en paradis pour papillons.