La mur est presque termine Pro Natura Vaud
Vaud

Réserve naturelle La Cruchaude

«La Cruchaude» dans le Jura vaudois est une zone protégée 
qui allie harmonieusement espaces sauvages et paysages cultivés.

L’agriculteur François Cruchaud, de ­Fontaines-sur-Grandson, aimait profondément la nature. A son décès en 2013, il légua l’alpage «La Cruchaude», dans le patrimoine familial depuis près de 200 ans, à la section Pro Natura Vaud. Celle-ci hérita ainsi de 69 hectares de forêt, de pâturages boisés et ouverts, ainsi que des bâtiments d’alpage. Le défunt souhaitait que sa forêt évolue librement, sans coupe de bois.

Diversité vivante

Blottie dans la première chaîne du Jura au-dessus de Grandson, à 1300 mètres d’altitude (communes de Grandevent et Bullet), La Cruchaude invite à s’immerger dans la nature. On y trouve des traces de cerf rouge, de sanglier, de lièvre brun, de renard, de chamois et de chevreuil, tout comme de blaireau, d’hermine, de belette et de lynx. Il y a quelques années, un naturaliste de la région y a même observé une famille de chats sauvages.

Les activités humaines laissent elles aussi des traces: au cours des siècles, l’économie pastorale a donné naissance aux pâturages boisés typiques. La Cruchaude est bordée de murs en pierre sèche en partie effondrés. Cet ensemble de biotopes de pâturages extensifs et de forêt sauvage abrite aussi des oiseaux menacés comme la chouette de Tengmalm, la gélinotte des bois, le faucon crécerelle et la grive litorne.

Plus près de la nature

Pro Natura veut non seulement conserver les valeurs naturelles de La Cruchaude mais aussi les développer. «Nous avons recensé la faune et la flore, formulé des objectifs et établi un catalogue de mesures jusqu’en 2026», explique Ludovic Longchamp, responsable bénévole de la réserve. Le concept comprend aussi des exigences écologiques claires pour l’agriculteur qui loue les pâturages. «Aucun engrais ni pesticides ne doivent être utilisés. Seules les vaches et leurs veaux pâturent sur ces surfaces.» Les bâtiments d’alpage sont quant à eux peu utilisés depuis l’abandon de la production laitière en 2008. A l’avenir, ils serviront à héberger des activités et des personnes en lien avec l’agriculture ou la conservation de la nature.

Un dernier but de protection, tout aussi important, concerne la tranquillité. Cette région est en effet très appréciée pour le vélo tout terrain, la randonnée à pied et en raquettes à neige et le ski de fond. Dans ses objectifs, Pro Natura Vaud mentionne encore que «les grands mammifères y trouvent un lieu de paix». Les bénévoles de Pro Natura espèrent ainsi pouvoir repérer des traces intactes et déterminer si le chat sauvage, le lynx ou le loup visitent la réserve naturelle.

Une anecdote encore: si la réserve se nomme La Cruchaude, il ne s’agit pas d’un hommage de Pro Natura au généreux donateur François Cruchaud. L’alpage s’appelle officiellement ainsi et portait probablement déjà ce nom avant que Louis Cruchaud ne l’acquière en 1827. L’achat fut-il motivé par cette jolie homonymie? Le mystère reste entier.

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