Route à travers un marais protégé au niveau national sur le Glaubenberg Raphael Weber
22.06.2020

Nouvelle route au col du Glaubenberg: Illégal à travers les marais

Après avoir essuyé deux refus des autorités, des agriculteurs ont construit une route à travers un bas-marais protégé au niveau national. Alors que la commune d’Entlebuch et le canton de Lucerne tolèrent cet aménagement illégal, Pro Natura a déposé un recours.

La région du Glaubenberg, à la frontière entre les cantons de Lucerne et d’Obwald, abrite le plus grand site marécageux de Suisse, composé d’un dense réseau de bas-marais et de haut-marais. La zone est aussi inscrite à l’Inventaire fédéral des paysages, sites et monuments naturels d’importance nationale (IFP).

Violation de tous les règlements

Au beau milieu de ce paysage, deux agriculteurs ont construit une route en gravier et un caillebotis de 90 mètres de long, sans autorisation, afin de pouvoir se rendre chaque jour en voiture sur les trois alpages et les «exploiter de façon moderne». Lors de la procédure d’autorisation ouverte après-coup en 2016, Pro Natura a fait opposition, arguant que la route enfreint toutes les dispositions de protection en vigueur pour cette zone sensible. Non seulement elle modifie un paysage jusque-là intact, mais elle traverse un bas-marais d’importance nationale. Une partie du marais a été détruite par l’intervention illégale. De plus, il est probable que l’effet de barrage du gravier et du bois, ainsi que le lessivage du gravier, entraînent une nouvelle détérioration.

L’exploitation extensive des alpages à bovins, ainsi que les mesures de gestion des marais ne nécessitent pas de route. Au contraire, l’expérience montre que l’amélioration de l’accès aux alpages mène inéluctablement à une intensification de leur exploitation, avec des effets négatifs sur les biotopes.

De plus, la route jouxte une zone où vivent des grands tétras. Or, cette espèce d’oiseau fortement menacée ne peut survivre que dans des milieux où ses individus ne sont pas dérangés, ce qui n’est plus le cas avec le trafic motorisé et la probable utilisation touristique du chemin, par exemple pour le VTT.

Les autorités tolèrent

Le canton de Lucerne et la commune d’Entlebuch voient la situation autrement, puisqu’ils ont récemment autorisé la route. Même le caillebotis est «toléré» par la commune, qui estime qu’un rétablissement de l’état d’origine serait disproportionné.

Cette non-exécution des dispositions de protection surprend d’autant plus que l’autorisation de construire une route de desserte a été clairement refusée en 2005 et en 2013, sur la base d’une expertise de la Commission fédérale pour la protection de la nature et du paysage (CFNP) et des avis des offices fédéraux de l’environnement (OFEV) et de l’agriculture (OFAG) et de la Station ornithologique suisse.

Reste donc à savoir si la stratégie suivie par les agriculteurs, à savoir construire une route sans autorisation en espérant que les autorités la toléreront, portera ses fruits: Pro Natura a en tous les cas fait recours contre l’autorisation auprès du Tribunal cantonal de Lucerne.

Franziska Scheuber est juriste chez Pro Natura.

Informations complémentaires

Info

Cet article a été publié dans le Pro Natura Magazine.



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