Pro Natura dit oui le 13 juin
Insecticides, herbicides et fongicides: près de 2 000 tonnes de pesticides sont répandues chaque année en Suisse. Appelées «produits phytosanitaires», ces substances chimiques nocives pour l’environnement sont utilisées par l’agriculture conventionnelle pour la culture des légumes, des pommes de terre ou de la vigne. Les pesticides polluent les sols, les eaux et se retrouvent dans la chaine alimentaire, ce qui veut dire dans nos estomacs également.
2×OUI aux initiatives eau potable propre et pesticides de synthèse
Deux initiatives populaires, lancées indépendamment l’une de l’autre, veulent mettre fin à cette situation et obliger l’agriculture suisse à adopter un mode d’exploitation proche de la nature. L’Initiative pour une Suisse libre de pesticides de synthèse veut totalement interdire leur utilisation. L’Initiative pour une eau potable propre exige que seuls les agriculteurs et agricultrices qui n’utilisent pas de pesticides, n’utilisent pas d’antibiotiques à des fins prophylactiques et qui sont en mesure de nourrir leur bétail avec le fourrage produit sur leur exploitation (pas d’importation de fourrage) puissent obtenir des paiements directs.
Du poison pour les micro-organismes
Pro Natura recommande d’accepter les deux initiatives. «Un changement de mentalité́ doit s’opérer dans l’agriculture suisse, il est urgent de donner plus de place à l’écologie», argumente Marcel Liner, responsable de la politique agricole chez Pro Natura. L’utilisation excessive des pesticides est l’une des causes principales du déclin dramatique de la biodiversité́ en Suisse. Les poisons affectent aussi les minuscules organismes aquatiques comme le gammare des ruisseaux – Animal de l’année 2021 – qui a besoin d’eau propre pour vivre. Les oiseaux, les amphibiens et les coléoptères souffrent également de l’empoisonnement de l’environnement.
Pro Natura est très insatisfaite de la politique agricole actuelle. «Le lobby agricole est très fort au Parlement et freine systématiquement les développements qui vont dans la bonne direction», critique Marcel Liner. La politique agricole 22+ du Conseil fédéral est un bon exemple. Alors qu’elle prévoyait des progrès écologiques modestes, elle a été torpillée par le lobby paysan bourgeois.
Un contre-projet non contraignant
Les initiatives pour une eau potable propre et pour une Suisse sans pesticides de synthèse sont soutenues jusque dans le camp bourgeois. Le Parlement n’a cependant pas réussi à leur opposer de véritables contre-propositions, se contentant d’un contre-projet formel qui prévoit une réduction progressive de 50% de l’utilisation des pesticides. «Le Parlement a fortement affaibli le projet initial et il manque des mesures de mise en œuvre efficaces», constate Marcel Liner. A son avis, la sensibilité́ de la population au problème des pesticides a «fortement augmenté» ces dernières années, à l’instar de celle pour le changement climatique. Pro Natura espère donc que les deux initiatives seront acceptées, pour que les pesticides hautement nocifs cessent de détruire nos bases vitales.
Oui à l’initiative pour une eau potable propre
L’Initiative pour une eau potable propre veut réserver les paiements directs aux seuls agriculteurs et agricultrices qui n’utilisent pas de pesticides. En outre, aucune subvention ne sera allouée aux éleveurs qui utilisent des aliments concentrés importés et des antibiotiques à titre préventif.
L’initiative prévoit une période de transition de huit ans, au cours de laquelle ces mesures devraient permettre de réduire le cheptel des animaux de rente en Suisse, actuellement de 15 millions de têtes, et de diminuer ainsi la fertilisation excessive des sols et des eaux, fortement pollués par les nitrates. L’initiative a été lancée par la bernoise Franziska Herren, qui s’était auparavant engagée contre la centrale nucléaire de Mühleberg. L'initiative pour une au potable propre
Oui pour une Suisse libre de pesticides de synthèse
L’Initiative pour une Suisse libre de pesticides de synthèse veut interdire l’utilisation des pesticides de synthèse en Suisse, non seulement dans l’agriculture, mais aussi par les entreprises et les particuliers. Elle exige aussi qu’au terme d’une phase de transition de dix ans, les légumes et les fruits importés soient libres de pesticides, de façon à garantir des conditions de concurrence équitables entre les producteurs suisses et étrangers. L’initiative a été lancée par le groupe « Future3 », présent surtout en Suisse romande. Une Suisse libre de pesticides de synthèse
Oui à la Loi sur le CO2
Si nous voulons protéger le climat, nous devons dire oui à la Loi sur le CO2 le 13 juin prochain. Un échec dans les urnes retarderait de plusieurs années la mise en œuvre de mesures efficaces. La Loi sur le CO2 prévoit un ensemble de mesures soigneusement élaborées qui en appellent à la responsabilité́ solidaire de tous les secteurs (bâtiment, industrie, mobilité́, finance). Oui à la Loi sur le CO2
- Claudio Büttler