Tragédie de la politique agricole: 8 ans d'immobilisme au lieu de changement
- Le Conseil des Etats supprime les mesures relatives à la biodiversité et empêche celles relatives à la protection du climat. Ainsi, aucun objectif contraignant en matière de CO2 ne sera inscrit dans la loi pour l’agriculture, comme c’est le cas pour tous les autres secteurs.
- Ainsi, le changement nécessaire et urgent du système alimentaire est mis en veilleuse. L’environnement et les générations futures en feront les frais.
- Les agricultrices et agriculteurs ainsi que les consommatrices et consommateurs progressistes sont les laissés-pour-compte de cette décision.
Citations:
Marcel Liner, responsable de la politique agricole, Pro Natura:
«Il est très dommage que le Conseil des Etats n’ait pas poursuivi l’examen des mesures d’amélioration structurelle dans le cadre de la PA22+. Les propositions du Conseil fédéral vont dans la bonne direction, mais ne résolvent, de loin pas, les problèmes actuels.»
Eva Wyss, responsable pour l’agriculture, WWF Suisse:
«L’agriculture et l’industrie alimentaire doivent bénéficier d’un soutien pour pouvoir réduire les gaz à effet de serre. Mais la politique et l’administration le lui refusent.»
Patrik Peyer, chef de projet agriculture, BirdLife Suisse:
«Les espèces et les habitats des terres cultivées continuent d’être fortement menacés, de nombreuses espèces risquent de s’éteindre. Nous devons nous opposer résolument à cette crise de la biodiversité. C’est pourquoi affaiblir ou même supprimer les mesures et les incitations prévues à cet effet avant même leur introduction est une très mauvaise solution.»
Alexandra Gavilano, expert en systèmes alimentaires durables, Greenpeace:
«Les politiques doivent enfin prendre leurs responsabilités et prendre au sérieux l’urgence planétaire. Ce n’est qu’en transformant notre système alimentaire, vers une agriculture adaptée aux conditions locales et vers une consommation durable, que nous pourrons assurer les bases de l’alimentation à l’avenir et donner un signal pour une justice alimentaire globale.»
A l’aune de la crise climatique, de celle de la biodiversité et de celle de l’énergie, la Suisse a urgemment besoin de transformer son système agricole et alimentaire pour faire face à ces immenses défis et augmenter sa résilience. L’agriculture est déjà le secteur le plus touché par ces crises, car sans pollinisateurs, sols fertiles, eau propre et climat stable, il n’y a pas de production agricole.
L’actuelle politique agricole, encore très orientée sur la production intensive et les contributions liées à la surface plutôt qu’à des objectifs, n’est pas à même d’accompagner les secteurs agricole et alimentaire dans cette transition. Au lieu de prendre les mesures nécessaires, le Conseil des Etats a décidé aujourd’hui, avec l’approbation du Conseil fédéral, d’adopter une version de la nouvelle politique agricole PA22+ amputée de la majorité de ses mesures environnementales et climatiques. En effet, pas d'objectifs et de mesures climatiques inscrits dans la loi pour l'agriculture et l'industrie alimentaire, pas de réduction de l’épandage de lisier, pas d’obligation de respecter la capacité de charge des écosystèmes, pas d’aide financière pour le conseil en matière de biodiversité.
Alors que la crise environnementale ne s’est qu’intensifiée pendant les deux dernières années, il est incompréhensible de prétendre que ces mesures prévues dans la version originale de la PA22+ du Conseil fédéral ne sont plus nécessaires. Sous cette forme la PA22+ ne devient qu’une façade dont l’administration fédérale et le lobby agricole se féliciteront de l’adoption avec deux ans de retard.
Le Conseil national doit améliorer le projet
La prochaine politique agricole est prévue pour 2030. Il est donc prévu de perdre huit précieuses années durant lesquelles la résilience des systèmes agro-alimentaires pourrait être améliorée. Huit ans où les subventions nocives à la biodiversité continueront d’être versées, les pesticides et les engrais minéraux indirectement subventionnés et la promotion des produits animaux payée avec nos impôts. Cette décision n’est pas à la hauteur des défis et nous appelons le Conseil national à se mettre au travail pour proposer une politique agricole qui renforce la résilience et la capacité d’adaptation du secteur, qui soutient les agricultrices et agriculteurs dans la transition et qui protège les bases mêmes de la production, de la nature.
Contacts:
- Pro Natura: Marcel Liner, responsable de la politique agricole, 061 317 92 40, @email
- WWF Suisse: Eva Wyss, responsable pour l'agriculture, 079 352 09 47, @email
- BirdLife Suisse: Patrik Peyer, chef de projet agriculture, 079 810 04 80, @email
- Greenpeace: Alexandra Gavilano, expert en systèmes alimentaires durables, 044 447 41 38, @email
Informations complémentaires
Info
Communiqué commun avec WWF Suisse, BirdLife Suisse et Greenpeace Suisse