Pro Natura Friedrich Wulf
02.12.2022

Un match décisif se joue à la COP15 de Montréal

Réunie du 7 au 19 décembre à Montréal, la Conférence des Nations Unies sur la biodiversité (COP 15) sera décisive pour stopper sa disparition mondiale et sauvegarder les ressources naturelles indispensables à la vie humaine. Pro Natura y participe. Elle demande à la Suisse d’augmenter le montant de sa contribution et d’accorder plus d’attention à la crise de la biodiversité ainsi qu’à ses causes véritables.

«Le match décisif pour nos ressources vitales se joue en décembre à Montréal», alerte Friedrich Wulf, expert en politique internationale de la biodiversité chez Pro Natura. «Depuis 1990, une surface équivalente à 249 millions de terrains de football a été déforestée. Un million d’espèces animales et végétales sont actuellement en danger critique d’extinction. La Conférence de l’ONU sur la biodiversité (COP15) de Montréal doit trouver comment mettre un terme à cette hécatombe». Friedrich Wulf représente Pro Natura au sein de la délégation de l’organisation internationale «Friends of the Earth». Il va se battre pour que la Conférence débouche sur un accord efficace.

Ne pas répéter les erreurs du passé

Les 195 États parties à la Convention sur la biodiversité de l’ONU se sont fixé des objectifs de protection de la biodiversité en 2010 pour la dernière fois. Ils devaient les atteindre au plus tard en 2020. Un seul l’a été. La Suisse n’a pas fait mieux. Sa Stratégie nationale biodiversité et les plans d’action afférents restent largement en deçà du nécessaire. Friedrich Wulf détaille les conditions auxquelles les objectifs définis à Montréal pour 2030 contribueront vraiment à la protection de la nature et pourront être réalisés.

1. Améliorer le financement et la mise en œuvre 

Les pays riches comme la Suisse doivent impérativement augmenter leur maigre apport financier afin de permettre des mesures efficaces contre le déclin de la biodiversité. La France, l’Allemagne et l’Union européenne ont déjà promis de doubler leur contribution. Pour la mise en œuvre, tous les gouvernements nationaux sont tenus de prendre leurs responsabilités, et pas seulement les administrations chargées de l’environnement, souvent trop peu dotées. Un examen des progrès accomplis dans chaque pays est indispensable, faute de quoi l’accord restera lettre morte.

2. Aborder les causes véritables

La crise de la biodiversité et celle du climat sont indissociablement liées. Elles trouvent leur origine commune dans la surconsommation. Les États doivent instaurer des règles et des mécanismes incitatifs pour empêcher la consommation d’excéder les limites planétaires et de détruire irrémédiablement des écosystèmes vitaux. Cela ne passe pas par un commerce hypocrite des certificats CO2 ou des pseudosolutions comme celles « basées sur la nature » (nature based solutions), dans lesquelles l’environnement est censé compenser les émissions d’agents fossiles. Il nous faut au contraire des mesures efficaces pour arrêter de gaspiller l’énergie et réduire notre utilisation des combustibles fossiles.

3. Quantité et qualité 

Se joignant à une coalition de plus de 100 États (High Ambition Coalition for Nature and People), la délégation suisse demande que les aires protégées couvrent trente pour cent de la planète d’ici 2030 ("30by30"). N’oublions pas cependant que la protection de la nature ne se mesure pas seulement en quantité, mais aussi en qualité. Pour remplir leur fonction, les aires protégées doivent être représentatives, reliées entre elles, et surtout bien gérées. Les principes de cette bonne gestion comprennent par ailleurs nécessairement le respect des droits des populations indigènes qui vivent dans ces régions et qui jouent un rôle essentiel dans le maintien de leur qualité. Mais elles sont bien souvent expulsées, maltraitées et privées de leurs droits lors de la création des réserves.

Informations complémentaires:

Points clés de Pro Natura sur le Cadre mondial pour la biodiversité après 2020

Contact:

Friedrich Wulf, chef de projet Politique internationale, +41 79 216 02 06, @email