«Il faut avoir un bon œil et de la patience»
Magazine Pro Natura: Madame Hoffer, pouvez-vous nous présenter ce projet en quelques mots?
Françoise Hoffer: il faut d’abord savoir que cette publication est un événement attendu depuis plus d’un siècle par les naturalistes amateurs et les botanistes professionnels. Tout est parti du Cercle vaudois de botanique il y a dix ans. Une première séance de terrain a eu lieu en 2014, puis un petit groupe de départ a choisi la méthodologie qui s’appuie sur le maillage des cartes nationales, c’est-à-dire des carrés de cinq kilomètres sur cinq. Et c’est parti, sur le terrain pour les inventaires!
Comment était-ce organisé?
Chaque participant·e s’est vu attribuer des carrés. J’en ai pris 16 (rires). C’est beaucoup, mais j’ai du temps. Je suis allée à la vallée de Joux, vers Chavornay, dans la région de Montreux, du Château de chillon aux Rochers-de-Naye, ça grimpe par-là! Pour les terrains plus difficiles, comme les zones marécageuses ou la montagne, nous avons organisé les inventaires avec des guides.
Pour prendre part à ce projet, fallait-il être biologiste ou botaniste professionnel·le?
Non, ce n’est justement pas l’idée. C’est un projet de science participative. Il fallait donc avoir de bonnes connaissances de botanique et surtout aimer être dans la nature, avoir l’œil et la patience, aimer marcher aussi.
Mais vous, d’où tenez-vous toutes ces connaissances?
J’ai toujours aimé la nature, et je me suis plongée dans la botanique surtout à partir de 1994 en participant à l’inventaire de la flore de la ville de Lausanne. C’est une passion, j’y consacre beaucoup de temps. Pour ce projet, nous étions soutenus: une fois par mois, nous avions des réunions au Jardin botanique de Lausanne pour échanger et poser des questions. Nous pouvions aussi amener des plantes pour nous faire aider dans la détermination.
Les outils d’inventaire ont dû évoluer, non?
Oui, c’est clair. Avec l’application FlorApp d’InfoFlora, c’est génial! Quel gain de temps! Plus besoin de tout noter sur un petit carnet. Surtout, cet outil permet de voir ce que l’on doit chercher.
Vous avez des terrains de prédilection?
Oui, j’aime particulièrement les terrains vagues, les zones industrielles, les campings. Tous ces endroits méconnus qui offrent de jolies découvertes. J’aime aussi les terrains privés. C’est parfois délicat d’y pénétrer, mais cela permet d’échanger avec les propriétaires et c’est aussi agréable.
Avec le recul qui est le vôtre, quel bilan tirez-vous de vos inventaires?
C’est la catastrophe! Les disparitions de plantes s’accélèrent.
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Info
Cet article a été publié dans le Magazine Pro Natura.
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