Christian Marti avec une flûte Fabian Biasio
19.05.2023 Crise de la biodiversité

Les chants d’oiseaux

Le hasard fait bien les choses. Christian Marti, biologiste et musicien amateur, en sait quelque chose. Par des heureux concours de circonstances, il est devenu spécialiste des chants d’oiseaux dans la musique.

Quand Christian Marti donne sa conférence «Cris et chants d’oiseaux dans la musique» – d’où sont extraites les citations présentes ici –, ça piaille, ça gazouille, ça pépie et ça siffle. Avec un alto, une flûte à bec ou encore une guitare, il fait découvrir la présence des oiseaux dans la musique classique en mettant à contribution son public. Un hobby auquel il est arrivé par hasard. Car en tant qu’enfant, il était fasciné par d’autres animaux. «En oiseaux, je n’y connaissais rien.»

«Essayons de voir - ou devrais-je dire d’entendre? - dans quels morceaux nous reconnaissons des cris et des chants d’oiseaux.» 

A l’instar de nombreux enfants lorsqu’ils commencent à fréquenter les bancs d’école, il s’est tout d’abord essayé à la flûte à bec avant de jeter son dévolu sur le violon. «Au gymnase, j’ai intégré les pupitres des violons dans l’orchestre de l’école, assez fier, mais le chef d’orchestre a décrété: «A partir de maintenant, tu joueras de l’alto». A 20 ans, il s’achète une guitare. «C’était l’époque de Mani Matter, quiconque habitait à Berne en avait une et chantait.»

Les chants d'oiseaux dans la musique (en allemand)

Christian Marti a toujours été fasciné par la nature. «J’adore les insectes et j’ai eu plusieurs aquariums avec des gerridés et des crevettes. J’ai aussi fait de l’élevage de papillons et ai été actif au sein de la fondation Science et jeunesse. Et bien évidemment, je voulais consacrer mes études de biologie à ces animaux.» Mais de la même manière qu’il a troqué son violon pour un alto en intégrant l’orchestre, il a remplacé les insectes et les papillons par les oiseaux lorsqu’il était à l’université. «Le professeur d’entomologie est malheureusement décédé. Pour mon mémoire, je me suis donc rabattu sur les oiseaux, plus précisément sur les poules. Je n’y connaissais pas grand-chose, mais mon professeur s’est sûrement dit que même moi, je serais capable de différencier un tétras-lyre d’une perdrix.»

C’est aussi un peu par hasard que Christian Marti a atterri à la Station ornithologique suisse de Sempach. Il rêvait d’enseigner et a occupé un poste de remplaçant pendant plusieurs années. «J’ai eu différents emplois pendant quelque temps. Un jour, alors que j’étais à la Station ornithologique pour chercher des informations à la bibliothèque, j’ai rencontré le responsable de l’époque.» Un poste d’un an était à pourvoir. Christian Marti l’accepta, déménagea à Sempach avec toute sa famille et resta à la station pendant trente et un ans, jusqu’à sa retraite.

Rotkelchen
«Certains compositeurs reproduisent fidèlement des cris d’oiseaux dans leurs morceaux, comme une voix à part entière. Mais la plupart s’y réfèrent sans les imiter, en essayant plutôt de créer une ambiance.» «C’est amusant et passionnant de chercher les cris d’oiseaux dans la musique, mais c’est encore plus intéressant de les écouter chanter en pleine nature.» (Citations tirées de «Les chants d'oiseaux dans la musique»)

Mais comment en est-il arrivé à associer musique et chants d’oiseaux, voilà près de vingt-cinq ans? Par hasard, bien sûr ! «A l’occasion d’un concert, nous cherchions un ornithologue pour venir parler des différents cris d’oiseaux dans la musique. Cette passion ne m’a plus quitté.» Il a commencé par donner des conférences en jouant des morceaux et des chants à partir de bandes magnétiques. «Mais ça ne fonctionnait souvent pas bien. Il m’est alors venu l’idée de siffler, de jouer de la flûte, de l’alto et de la guitare, et de chanter avec le public.» Christian Marti tente l’expérience au Rota­ry Club. «Je n’étais pas sûr que ces hommes en costume cravate accepteraient de chanter, et pourtant! Ils l’ont fait, même à pleins poumons! C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que la conférence était bien plus intéressante comme ça.» Depuis, il l’a donnée plus d’une centaine de fois – preuve qu’elle l’est toujours autant. 

Dans un arbre tout proche, le cri d’un oiseau retentit : «Une mésange charbonnière», explique Christian Marti. «Je n’entends pas le chant des oiseaux comme tout le monde, j’ai besoin de les identifier. La mésange charbonnière est facile à reconnaître…» – il siffle – «…mais son chant peut être composé de deux ou trois syllabes.» Il siffle à nouveau. «En musique, elle revient assez souvent, tout comme le coucou. Et l’oiseau le plus fréquent pour les parades est le rossignol. Cela étant, on ne rencontre pas tant d’espèces que ça dans la musique.» Et le voilà reparti, emporté par sa passion.

BETTINA EPPER est rédactrice alémanique du Magazine Pro Natura.

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Cet article a été publié dans le Magazine Pro Natura.

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