Key Visual Vision Trois Lacs 2050 Isabelle Bühler
24.08.2023 Crise de la biodiversité

Situation «win-win» pour la nature et l’agriculture

Au Pays des Trois Lacs, les problèmes environnementaux sont légion. Avec leur «Vision Trois-Lacs 2050» cinq organisations environnementales nationales donnent des impulsions pour un développement orienté vers l’avenir. Elles font appel à l’esprit d’invention de la région et souhaitent une cohabitation entre agriculture et nature.


Des champs affaissés, de l’eau potable polluée, des cours d’eau canalisés, une biodiversité en recul et un paysage cultivé monotone: la liste des problèmes dans le Pays des Trois Lacs, entre la plaine de l’Orbe et la Grenchner Witi, est longue. Nombre de ces atteintes à l’environnement sont dues à l’assèchement à grande échelle des zones humides suite aux deux corrections des eaux du Jura. C’est grâce à elles que l’exploitation agricole intensive actuelle est possible. Mais les inondations plus fréquentes et les périodes de sécheresse plus nombreuses, conséquences du changement climatique, causent de plus en plus de problèmes aux exploitations agricoles.

Sortir de l’impasse

L’exploitation actuelle du Pays des Trois Lacs et les plans pour l’avenir, qui prévoient notamment une infrastructure d’irrigation artificielle couvrant l’ensemble du territoire, conduisent à une impasse. Par exemple, en de nombreux endroits, les nappes phréatiques ne peuvent plus être utilisées pour l’approvisionnement en eau potable en raison de la charge élevée en nutriments et en pesticides. L’agriculture intensive a également entraîné une diminution de moitié de la surface totale des sols tourbeux dans la région des Trois lacs au cours des 50 dernières années. Il n’est pas possible de pratiquer une agriculture durable sur ce type de sol avec des méthodes conventionnelles, car celles-ci accélèrent la disparition de la tourbe. L’affaissement moyen du sol d’un centimètre libère chaque année dans la région environ 125 000 tonnes de dioxyde de carbone (CO2). Pour atténuer le réchauffement climatique, ce gaz à effet de serre doit à l’avenir rester dans les sols tourbeux. Ce n’est qu’ainsi que le Pays des Trois Lacs pourra à nouveau jouer son rôle important de puits naturel de CO2.

Dans la «Vision Trois-Lacs 2050» présentée le 24 août 2023 à Berne, les cinq organisations environnementales nationales BirdLife Suisse, Pro Natura, la Fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage, la Fédération Suisse de Pêche et le WWF Suisse montrent qu’il est possible de faire autrement. «Si nous continuons à agir comme nous l’avons fait jusqu’à présent, des ressources essentielles à la survie de la région, telles que des sols fertiles et de l’eau potable propre, seront irrémédiablement perdues et devront être remplacées par des solutions techniques coûteuses», a expliqué lors de la conférence de presse du jour Ursula Schneider Schüttel, présidente de Pro Natura, qui vit elle-même dans le Seeland. «Nous sommes convaincus que la région se prêterait bien à une production alimentaire plus respectueuse de la nature et de l’environnement».

Davantage de zones humides dans le paysage agricole uniformisé

La vision est basée sur les connaissances scientifiques les plus récentes. Elle prévoit notamment d’utiliser les sols marécageux et les surfaces dégradées pour revitaliser les bas-marais et autres zones humides, ainsi que de renaturer les cours d’eau et leurs zones alluviales. Cela permettrait d’améliorer considérablement la capacité de rétention d’eau ainsi que la qualité de l’eau dans la région. Des techniques de culture et des cultures adaptées, qui supportent des températures plus élevées et des précipitations plus faibles, sont également essentielles pour un développement durable. Il s’agit notamment de variétés résistantes à la sécheresse et de méthodes sans labour, comme le semis direct. Elles améliorent la fertilité des sols et favorisent la biodiversité des zones humides. Cela profite à la fois à la nature et aux exploitations agricoles.

Selon la vision, les tendances sociétales atténueront la demande en production des exploitations agricoles et réduiront leurs besoins en surfaces cultivables. Ainsi, la Confédération veut réduire de moitié d’ici 2030 les pertes de denrées alimentaires, qui sont actuellement de plus de 30%.
Si moins de d’aliments finissent à la poubelle, il reste plus de place pour la nature. Il en va de même si à l’avenir il faut moins de surface pour la production de fourrage pour les animaux de rente. En effet, leur besoin en terres est aujourd’hui bien plus important que celui de la culture des légumes. Le fait que de plus en plus de personnes renoncent à la viande favorise la culture de légumineuses, de pommes de terre et de céréales. Sur une même surface, celles-ci fournissent environ cinq fois plus de calories que les aliments d’origine animale.

Terrain pionnier pour une agriculture respectueuse de l’environnement

La vision développe des stratégies qui concilient la production agricole avec des eaux de surface intactes, une eau potable de qualité, la protection du climat, une plus grande biodiversité et des intérêts touristiques. Il est prévu de continuer à développer les solutions envisagées en collaboration avec d’autres acteurs et parties prenantes de la région. «Nous voyons dans le Pays des Trois-Lacs un terrain pionnier pour une utilisation du paysage tournée vers l’avenir en Suisse», explique la présidente de Pro Natura Ursula Schneider Schüttel. «Avec Expo 02, la région a prouvé qu’elle pouvait accomplir de grandes choses si tous poursuivent le même objectif. Continuons dans cette voie et créons des situations win-win qui profitent à la fois à la nature, à la population et à l’agriculture».

Informations complémentaires:

Images, fiches d’information et autres documents à télécharger: www.paystroislacs2050.ch 

Contacts: 

  • Pro Natura: Ursula Schneider Schüttel, présidente, @email, tél. 078 603 87 25 (thème vision globale)
    Sarah Pearson Perret, directrice romande de Pro Natura, tél. 024 423 35 66, @email (thème agriculture)
  • BirdLife Suisse: François Turrian, Directeur adjoint, Responsable du siège de la Suisse romande, tél. 026 677 03 80, @email (thèmes paysage et vision globale)
  • Fondation suisse pour la protection et l'aménagement du paysage: Roman Hapka, directeur suppléant, tél. 079 691 76 64, @email (thèmes paysage et vision globale)

Informations complémentaires

Info

Communiqué commun de WWF Suisse, BirdLife Suisse, la Fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage, la Fédération Suisse de Pêche et Pro Natura

Photo © Isabelle Bühler