Drapeau de la campagne Oui à la biodiversité accroché au bord du chemin le 22 septembre Bettina Epper
08.08.2024 Crise de la biodiversité

«Nous devons créer des offres mettant l’accent sur la découverte de la nature»

Si la protection des ressources naturelles est un objectif déclaré de notre pays, la réalité est malheureusement tout autre. C’est pourquoi la protection de la biodiversité requiert un ancrage plus fort dans la Constitution. Le 22 septembre, nous avons besoin d’un oui à l’Initiative biodiversité.

Magazine Pro Natura: pourquoi soutenez-vous l’Initiative biodiversité, vous qui êtes un représentant du secteur touristique?

Claudio Föhn: comme le montrent différents sondages menés auprès de touristes, la découverte de la nature est primordiale pour celles et ceux qui passent leurs vacances en Suisse. Or, nous avons besoin de la biodiversité pour pouvoir continuer à offrir cette immersion dans la nature. C’est seulement en la protégeant que nous pourrons maintenir l’attractivité de la Suisse comme destination touristique. L’Initiative biodiversité a aussi pour objectif de préserver les sites et le patrimoine bâti dignes de protection, ce qui est également intéressant pour nos visiteuses et visiteurs.

Le tourisme a donc tout à gagner d’une biodiversité intacte?

Oui, tout à fait. De notre côté, nous devons créer des offres de tourisme doux, qui mettent l’accent sur la découverte de la nature. Avec des randonnées thématiques guidées, par exemple sur les amphibiens ou les plantes, ou des actions bénévoles pour remettre en eau des surfaces de marais ou éliminer les espèces exotiques envahissantes à certains endroits. Quant aux produits régionaux, ils peuvent aussi attirer les touristes. En balade durant la journée, ils voient paître des vaches et le soir, ils mangent du fromage produit avec le lait de ces mêmes vaches. De telles expériences ne sont toutefois possibles que si la biodiversité est intacte, car elle constitue la base de la production alimentaire.

Le recul de la biodiversité représente donc aussi un problème pour le tourisme?

Oui. Je pense notamment aux animaux sauvages que l’on ne peut plus observer parce qu’eux-mêmes ou leurs milieux naturels disparaissent. C’est le cas des marmottes, qui doivent se réfugier de plus en plus haut en altitude.

L’initiative demande que davantage de surfaces soient protégées en faveur de la biodiversité. Comment faudrait-il mettre en œuvre cet objectif pour que le tourisme en bénéficie aussi?

Pour nous, il est important que ces surfaces restent accessibles, même s’il ne s’agit que d’un chemin de randonnée. La découverte de la nature doit rester possible. L’exemple du Parc national suisse montre que le principe «protéger la nature et tirer profit de ses bienfaits» marche très bien. On peut se promener dans le parc, mais il y a des règles claires à respecter. À Arosa, nous avons déjà deux types d’exploitation touristique: autour du Weisshorn, il existe toute une infrastructure nécessaire à la pratique du ski, mais nous avons développé en parallèle un tourisme doux. Ainsi, au Schiesshorn, on rencontre des randonneurs et des vététistes, mais il n’y a pas d’infrastructure touristique. C’est dans cette direction que nous devons nous développer, en établissant, par le dialogue, quel type de tourisme nous voulons promouvoir et dans quels lieux spécifiques. Tout le monde en profitera.

BETTINA EPPER est rédactrice du Magazine Pro Natura.

Claudio Föhn est responsable depuis 2022 de la mise en œuvre de la stratégie de durabilité Arosa 2030 pour Arosa Tourisme. L’objectif est le développement durable du tourisme. Les premières Journées de la biodiversité, qui seront désormais organisées chaque année, constituent un bon exemple de l’engagement d’Arosa Tourisme. Des excursions, des conférences et des ateliers figuraient au programme de cette manifestation étalée sur une semaine.

Informations complémentaires

Info

Cet article a été publié dans le Magazine Pro Natura.

Le Magazine Pro Natura vous dévoile les petites merveilles de la nature, vous informe au sujet de gros projets et vous présente des personnalités captivantes. Il porte un éclairage sur les dessous des décisions politiques et révèle où, comment et pourquoi Pro Natura lutte pour la nature. Tous les membres Pro Natura le reçoivent cinq fois par an.