Pourquoi Pro Natura dit oui à la loi sur l’électricité
La votation sur la loi sur l’électricité (acte modificateur unique) du 9 juin prochain donne lieu à controverse. Pour certains, un oui équivaut à la capitulation des grandes associations environnementales et à la fin de la protection de la nature et du paysage. Pour d’autres, la loi est indispensable pour la transition énergétique, l’abandon des énergies fossile et atomique et la réalisation des objectifs climatiques.
Le Conseil des délégués de Pro Natura a longuement débattu du sujet, avec une certitude: la protection de la nature et du paysage, la protection du climat et la transition énergétique ne doivent pas être mises en concurrence. La crise de la biodiversité et la crise climatique ne peuvent être résolues qu’ensemble.
- Keystone / Valentin Flauraud
Pour et contre
Les concessions en matière de protection des biotopes, les objectifs excessifs pour le développement de l’énergie hydraulique, la possibilité de renoncer à des mesures de remplacement dans les paysages protégés et le «principe de primauté» de la production d’énergies renouvelables dans les nouvelles zones appropriées à définir ont suscité des débats intenses. La loi permet potentiellement d’intervenir à grande échelle dans la nature et le paysage, mais il n’est pas encore possible d’évaluer si sa mise en œuvre aura bel et bien des effets négatifs. Les parlementaires et le conseiller fédéral en charge du dossier ont toutefois souligné à maintes reprises que les atteintes devraient rester exceptionnelles et aussi minimes que possible.
D’un autre côté, les mesures de protection du climat sont aussi centrales pour la biodiversité. La montée en puissance du photovoltaïque sur les infrastructures existantes et les objectifs concrets en matière de lutte contre le gaspillage d’électricité, qui seront inscrits pour la première fois dans la loi, sont des exigences de longue date de Pro Natura et permettront des avancées déterminantes.
Enfin, les délégués se sont demandé si un non le 9 juin permettrait d’obtenir à terme une loi plus favorable à la nature et au paysage. Or, le Parlement élu en automne dernier ayant déjà montré qu’il était encore moins soucieux de l’environnement que le précédent, un nouveau projet risquerait d’affaiblir encore plus la protection de la nature et devrait vraiment être combattu. La loi sur l’électricité prévue crée au moins les conditions pour une planification plus circonspecte des sites pour les installations éoliennes et solaires, contrairement à la prolifération anarchique à laquelle on assiste actuellement avec Solar Express, qui est à coup sûr néfaste pour la nature.
Un oui assorti d’attentes
En disant oui à la loi sur l’électricité, Pro Natura réaffirme son soutien à la transition énergétique. Ce oui s’accompagne toutefois d’attentes claires envers les politiques et les fournisseurs d’électricité : les promesses faites devront être tenues.
MICHAEL CASANOVA est responsable des dossiers de politique énergétique, climatique et de protection des eaux chez Pro Natura.
Informations complémentaires
Info
Cet article a été publié dans le Magazine Pro Natura.
Le Magazine Pro Natura vous dévoile les petites merveilles de la nature, vous informe au sujet de gros projets et vous présente des personnalités captivantes. Il porte un éclairage sur les dessous des décisions politiques et révèle où, comment et pourquoi Pro Natura lutte pour la nature. Tous les membres Pro Natura le reçoivent cinq fois par an.