Abeilles sur knautie des champs Matthias Sorg
22.05.2024 Crise de la biodiversité

Quand la nature gagne, tout le monde y gagne!

Le 22 septembre, nous voterons sur l’Initiative biodiversité. Pourquoi nous devons absolument gagner cette votation, et comment vous pouvez y contribuer.

Cette année, le printemps s’est manifesté étonnamment tôt. En mars déjà, les pousses vertes, les arbres en fleurs et les chants d’oiseaux matinaux nous donnaient des envies de plein air. Si le réveil de la nature a de l’avance, un autre phénomène doit aussi nous inquiéter: la diversité des plantes et des animaux qui font leur retour annuel à la belle saison s’est fortement modifiée. Si la disparition de quelques abeilles sauvages, libellules, coléoptères ou papillons peut laisser certains indifférents, les listes rouges de l’Office fédéral de l’environnement nous obligent à regarder la réalité en face: plus d’un tiers de toutes les espèces animales et végétales indigènes en Suisse sont menacées ou déjà éteintes. C’est un danger pour la nature, mais aussi, et surtout, pour nous êtres humains, car la nature est notre base existentielle.

Nous voterons le 22 septembre prochain sur l’Initiative biodiversité. Lancée par Pro Natura et d’autres organisations, elle vise à trouver des solutions pour améliorer l’état de la biodiversité en Suisse. La Confédération et les cantons devront veiller à prendre les mesures nécessaires qui garantissent des surfaces et des moyens financiers en suffisance pour lutter contre le déclin de la biodiversité. La nature et le paysage sont des biens précieux dont il convient de prendre soin, également à l’extérieur des aires protégées. L’ensemble de la société et des secteurs économiques doit y contribuer. Car la crise de la biodiversité concerne tout le monde.

Notre alimentation en dépend

Comme la terre et l’eau, la diversité des espèces, la diversité génétique et la santé des écosystèmes sont les conditions sine qua non d’une production agricole abondante et de qualité. La fertilité des sols dépend étroitement des organismes qui y vivent, comme les cloportes, les champignons et les vers de terre. Les abeilles, mais également toute une série d’autres insectes assurent la pollinisation de nombreuses plantes cultivées: sans elles, pas de cerises, ni fraises, encore moins d’oignons. D’autres organismes aident dans la régulation des nuisibles. De plus, les milieux naturels diversifiés et riches en espèces sont plus résilients face au changement climatique et s’adaptent mieux et plus rapidement aux nouvelles conditions.

Inversement, l’agriculture joue un rôle important dans la protection et de promotion de la biodiversité. Elle l’assume du reste déjà. Mais les mesures agricoles en faveur de la biodiversité ne pourront déployer leurs effets que si elles ne sont pas prises de manière isolée. Les effets de ces efforts risquent sinon d’être anéantis par la pression économique, la rationalisation et la mécanisation. La sauvegarde de nos ressources vitales exige une approche globale et une vision à long terme.

Pour rester en bonne santé

La biodiversité est primordiale pour notre santé. Une nature diversifiée constitue pour beaucoup de gens une source de détente et d’équilibre. On sait qu’elle accroît notre bien-être. Mais ce n’est pas tout: 80 % des médicaments mis sur le marché et plus de 70 % des traitements contre le cancer sont fabriqués à base de plantes ou s’inspirent de mécanismes biochimiques à l’œuvre dans la nature. Préserver la biodiversité et la diversité génétique, c’est permettre à la recherche de développer des médicaments qui sauveront des vies demain. L’industrie pharmaceutique, un poids lourd de l’économie suisse, a donc d’énormes intérêts à se mobiliser pour la biodiversité.

La protection du climat au centre

Réussirons-nous encore à arrêter le changement climatique? Cette question se pose à nous toutes et tous, mais particulièrement aux jeunes. On oublie souvent le rôle crucial de la biodiversité dans de nombreux processus qui impactent le climat. Les écosystèmes intacts comme les marais et les forêts captent naturellement le CO2. La renaturation des zones humides et la conservation des forêts dans un état aussi naturel que possible sont des moyens peu coûteux de ménager le climat. Réserver les surfaces et les moyens nécessaires au bon fonctionnement ou au rétablissement des écosystèmes nous aide à faire face à la crise de la biodiversité, mais aussi à celle du climat.

Engagez-vous avec nous!

Alimentation, santé, climat: ces trois arguments (parmi bien d’autres) nous montrent que la protection de notre nature n’est pas un but en soi, mais une nécessité urgente pour assurer nos moyens de subsistance. Or, cet enjeu n’est toujours pas clair pour beaucoup de Suisses, et malheureusement un certain nombre de politiciennes et de politiciens représentant les milieux économiques, agricoles et industriels. Ces prochains mois, toutes les personnes qui ont saisi l’urgence de la situation vont devoir s’employer à les convaincre et préparer le terrain à une meilleure protection de la biodiversité.

Aidez-nous à remporter la votation du 22 septembre. Tout le monde y gagnera!

STELLA JEGHER dirige la division Politique et Affaires internationales chez Pro Natura.

Informations complémentaires

Info

Cet article a été publié dans le Magazine Pro Natura.

Le Magazine Pro Natura vous dévoile les petites merveilles de la nature, vous informe au sujet de gros projets et vous présente des personnalités captivantes. Il porte un éclairage sur les dessous des décisions politiques et révèle où, comment et pourquoi Pro Natura lutte pour la nature. Tous les membres Pro Natura le reçoivent cinq fois par an.