La biodiversité forestière sous pression
À la veille de la journée internationale des forêts le 21 mars, l’Office fédéral de l’environnement a publié mardi le Rapport forestier 2025, qui présente l’évolution des forêts suisse durant ces dix dernières années.
Opportunités et risques pour la forêt
L’évolution naturelle de la forêt et de ses différentes essences et générations constitue la base d’un cycle forestier sain, ce que le rapport ne manque pas de souligner. Mais même si la biodiversité forestière se porte plutôt bien en comparaison avec d’autres habitats, il reste encore beaucoup à faire pour rendre les forêts plus proches de leur état naturel. On note certes plusieurs tendances réjouissantes: davantage de bois mort, une plus grande diversité structurelle, une augmentation des surfaces de réserves forestières, avec toutefois de grandes disparités locales.
Le rapport identifie un risque pour la forêt et ses fonctions: le changement climatique. Du point de vue de la protection de la nature, il convient ici de miser sur un rajeunissement naturel avec des essences indigènes afin de renforcer la stabilité et la capacité d’adaptation des forêts. Pour certaines espèces qui prospèrent dans des forêts clairsemées avec beaucoup de bois mort, les changements peuvent être bénéfiques. L’impératif doit être dans tous les cas de réconcilier les différents usages (production d’électricité, industrie du bois, tourisme), dont la pression augmente, avec des forêts proches de leur état naturel.
Frayer et paître dans la forêt
Actuellement, 41% des associations forestières demeurent menacées, et avec elles, l’habitat d’innombrables espèces. Pour les conserver, Pro Natura a lancé en 2019 l’action Pics & Cie. À ce jour, une vingtaine de projets ont été mis en œuvre dans six cantons. Ils ont entre autres permis de sauvegarder durablement 27 hectares de forêt, auxquels devraient s’ajouter 100 hectares supplémentaires. Ces surfaces sont réservées à la nature, qui peut y suivre librement son cours. De plus, grâce à l’action, des mares à amphibiens ont été créées à cinq endroits différents. La forêt a également été éclaircie pour procurer de la lumière aux espèces héliophiles, ce qui a aussi conduit à revivifier l’ancienne pratique du pacage en forêt.
L’exploitation sylvopastorale était autrefois courante en Suisse, avant d’être interdite au début du 20e siècle en raison de la surexploitation des forêts. Celles-ci se sont aujourd’hui globalement rétablies, mais les habitats spécifiques qui découlaient du pacage en forêt sont restés très rares. Pro Natura a réintroduit cette pratique dans les cantons d’Argovie, Bâle-Campagne et Zurich, en collaboration avec des forestiers et agriculteurs locaux. Depuis 2023, 15 chèvres paissent jusqu’à deux mois par année dans la forêt de Wegenstetten. Il en résulte des habitats ouverts et structurés qui profitent aux espèces sylvicoles aimant la lumière, comme les orchidées, les papillons et les reptiles. Les projets de ce type montrent le grand potentiel des forêts suisse, que l’action Pics & Cie a pour mission de revivifier.