Des exemples qui font école
Enseigner un autre type d’agriculture
A 25 ans, Martin Ott hésitait entre la biologie, la médecine ou l’agriculture. «Je ne voulais pas être un théoricien, alors j’ai opté pour l’agriculture et j’ai mis sur pied une ferme à Bäretswil, avec ma femme», raconte Martin Ott. Plus tard, l’agriculteur a loué la plus grande ferme du canton de Zurich, à Rheinau, et l’a convertie à la production biodynamique. Aujourd’hui, Rheinau est une institution renommée, qui dispose également d’une réserve de semences sans OGM pour l’agriculture biologique et d’une fondation socio-thérapeutique.
Jusqu’à cet automne, Martin Ott est encore responsable de la formation biodynamique des agriculteurs et agricultrices de Suisse. Son crédo: il faut prendre dans la nature de quoi nous nourrir mais sans la détruire pour autant.
Auteur du livre «Kühe verstehen – eine neue Partnerschaft beginnt» (ndlr : Comprendre les vaches – vers un nouveau partenariat), il est également considéré comme «l’homme qui murmure à l’oreille des vaches». «Dans de nombreuses cultures, les vaches sont sacrées. Dans la nôtre, elles ont été dénaturées par les exigences techniques qui leur ont été imposées», déplore Martin Ott, qui aime réfléchir à la nature profonde des choses. sb
- Nicolas Zentner
Moins c’est beaucoup plus!
Moins. C’est le mot qui définit le mieux Léna Abi Chaker. Journaliste, elle rédige des articles pour le journal Moins! et souhaite par ce biais «apporter un regard critique sur la société actuelle et proposer des solutions pratiques pour la vie quotidienne». Dans sa vie, elle consomme moins. «Je consomme mieux et je produis davantage moi-même.» Elle prépare tous ses repas, elle ramasse une grande partie de sa nourriture, «ça me prend dix minutes par jour, car les plantes sauvages poussent autour de chez moi», elle fabrique différents produits avec « de l’huile de tournesol pour la peau, du vinaigre pour le ménage».
Surtout, elle travaille moins: fini le 100 %! «C’est la première étape vers une reconversion, cela libère temps et énergie, pour faire soi-même beaucoup de choses. Au final, on fait même des économies, la boucle est bouclée». Elle souhaite à tout le monde de devenir aussi autonome que possible, capable de subvenir à ses besoins, mais «pas dans le sens de gagner sa vie, non. Plutôt être capable de se nourrir, de se chauffer, de s’habiller, de bricoler, de réparer, de construire». En le faisant elle-même, elle montre que c’est possible. «Je partage avec d’autres des découvertes intéressantes et des solutions simples ou pratiques.» fk
- Nicolas Zentner
Actionner les leviers politiques
Depuis des années, elle se bat pour la qualité de l’eau potable: Franziska Herren (54 ans) est à l’origine de l’Initiative pour une eau potable propre. Au lendemain du rejet de celle-ci par le peuple suisse, elle n’aime pas parler de défaite. «Je suis malgré tout contente de m’être engagée. Nous sommes des millions de personnes à avoir perdu, dont des bébés et des enfants, nous qui consommons de l’eau potable dont la charge en pesticides est supérieure à la valeur limite.»
Propriétaire d’une salle de fitness, Franziska Herren s’est investie pour la première fois en politique à la suite de l’accident survenu à la centrale nucléaire de Fukushima. Elle a alors lancé une initiative dans le canton de Berne demandant la fermeture immédiate de la centrale nucléaire de Mühleberg. Cette initiative a été rejetée mais les exploitants ont arrêté le réacteur en 2019.
Ecœurée par le caractère inadapté de la politique agricole, Franziska Herren a lancé l’Initiative pour une eau potable propre en 2017. Elle estime qu’il faudra peut-être une nouvelle tentative pour convaincre la population de la nécessité de mieux protéger notre eau potable. Une ténacité qui prouve une fois de plus que de simples particuliers peuvent être à l’origine de changements majeurs. sb
- Nicolas Zentner
Faire école avec la création du Parc national suisse
Steivan Brunies (1877–1953), biologiste originaire de S-chanf (GR) et fils d’un ancien chercheur d’or, a été un pionnier de la protection de la nature. Professeur d’école secondaire à Bâle, il a su défendre la cause de la nature auprès de la jeunesse. Avec Paul Sarasin, il fut à l’origine de la création de la Ligue suisse pour la protection de la nature, dont il a été le premier secrétaire central de 1909 à 1935. A ce titre, il fut également l’un des pères fondateurs du Parc national suisse en Basse-Engadine, le premier d’Europe centrale.
En tant que premier surveillant général du parc, Steivan Brunies a suivi la réintroduction du bouquetin, l’emblème de Pro Natura. Mais c’est en vain qu’il aura espéré le retour d’une autre espèce menacée d’extinction: «Il est probable que l’ours aura bientôt disparu pour toujours », écrivait-il quelques années avant sa mort. Heureusement, l’avenir lui a donné tort et ursus arctos se propage à nouveau lentement dans l’Arc alpin.
Stefan Brunies a également pu voir «son» Parc national faire école dans toute l’Europe. On en compte aujourd’hui près de 300 sur le continent. En revanche, aucun nouveau parc national n’a vu le jour en Suisse depuis lors. zen
- Nicolas Zentner
L’amoureux des montagnes allie le geste à la parole
«La nature est ma source d’inspiration, notamment la montagne. J’habite en Suisse depuis un an et demi seulement. L’action de Summit Foundation m’a tout de suite impressionné, car elle motive les gens à préserver l’environnement protégé de proximité par des actions concrètes simples. J’ai grandi en Ouzbékistan, au temps de l’URSS, à l’époque de l’avènement de la société de consommation, avec son flot de PET et de sachets en plastique. J’ai vu des rivières très polluées. Au Tadjikistan, où j’ai travaillé ensuite pendant neuf ans, j’ai vu des sources d’eau en haute montagne envahies par du plastique.
J’ai toujours essayé de faire quelque chose de concret pour la nature: en Jordanie par exemple, j’ai rejoint une association de rando-nettoyeurs dont l’engagement est de rendre l’aspect originel aux sites naturels. Alors dès mon arrivée en Suisse, je suis très vite devenu bénévole à Summit Foundation, avec la même envie de nettoyer la nature. Ce n’est pas compliqué comme geste, et les effets sont grands pour l’environnement.» fk
- Nicolas Zentner
Informations complémentaires
Info
Cet article a été publié dans le Pro Natura Magazine.
Le Magazine Pro Natura vous dévoile les petites merveilles de la nature, vous informe des projets sur le terrain de l’association et vous présente des personnalités captivantes. Des belles images et des offres exclusives complètent le plaisir de la lecture. Tous les membres Pro Natura le reçoivent en exclusivité cinq fois par année le magazine sur la protection de la nature en Suisse. Sur 44 pages, le Magazine Pro Natura porte un éclairage sur les dessous des décisions politiques, présente des recherches et explique la nature. Il informe où, comment et pourquoi Pro Natura lutte pour la nature.