Illustration d'une perdrix iStock, Hein Nouwens
08.08.2024 Crise de la biodiversité

La biodiversité décline, preuves à l’appui

En Suisse, un nombre particulièrement élevé d’espèces animales ont disparu ou sont sur le point de disparaître. Nous vous en présentonsici quelques-unes. Pour remédier à cette situation, il est indispensable de voter OUI à l’Initiative biodiversité le 22 septembre.

Le courlis cendré (Numenius arquata)

Illustration d'un courlis cendré istock, duncan1890
Couples nicheurs
Un ennemi de taille

Le courlis cendré (Numenius arquata) a beau être le plus grand des limicoles et ne compter que peu d’ennemis naturels, il ne niche plus en Suisse depuis presque deux décennies.

En asséchant à grande échelle les zones humides, l’être humain est un ennemi de taille qui a détruit les milieux naturels de l’espèce. Avant les grands assèchements réalisés au 19e siècle, le courlis cendré faisait partie des espèces d’oiseaux caractéristiques du Plateau. Dans les années 1960, on ne comptait déjà plus que 40 couples nicheurs, et depuis 2006, il n’y a plus de preuve attestée de nidification en Suisse. Avec un peu de chance, on peut observer cet oiseau imposant lorsqu’il hiverne dans notre pays ou y fait halte durant la migration.

La pie grièche-grise (Lanius excubitor)

 

Illustration d'une pie grièche-grise iStock, Hein Nouwens
espèces d'oiseaux nicheurs suisses sont menacées ou potentiellement menacées.
Un triste exemple

Neuf d’entre elles sont au bord de l’extinction et sept sont classées comme éteintes en Suisse, dont la pie grièche-grise (Lanius excubitor)

Alors que la plus grande pie grièche d’Europe était autrefois largement répandue dans notre pays, elle n’y a plus niché depuis 1986. Les milieux naturels dont elle a besoin – des prairies extensives et riches en structures comme des arbres fruitiers et des haies – sont devenus rares. La disparition de la pie grièche-grise est devenue le triste exemple de l’appauvrissement écologique de nos paysages agricoles.

La perdrix grise (Perdix perdix)

Illustration d'une perdrix iStock, Hein Nouwens
Perdrix grises
Disparition totale

Au milieu du siècle dernier, environ 10 000 perdrix grises (Perdix perdix) vivaient encore en Suisse. Près de septante ans plus tard, il n’en reste aucune.

La mécanisation et l’industrialisation de l’agriculture en sont la cause. Autrefois, cet oiseau trouvait des milieux naturels parfaitement appropriés dans les régions de grandes cultures ouvertes et richement structurées, dans lesquels son plumage lui permettait de se fondre. Face au recul alarmant des populations, des programmes de conservation de la Station ornithologique suisse tentent de valoriser des milieux naturels dans le Klettgau (SH) et en Champagne genevoise et y réintroduisent des perdrix grises importées. En vain: le dernier couple nicheur a été observé en 2018.

 L’oreillard gris (Plecotus austriacus)

Illustration l’oreillard gris
Attention, pollution lumineuse!

Voilà longtemps que l’oreillard gris (Plecotus austriacus) a disparu du Plateau. Aujourd’hui, cette chauve-souris ne se rencontre plus que le long de l’Arc jurassien, et de façon très sporadique, puisqu’elle est menacée de disparition. Elle ne trouve plus de territoires de chasse riches en insectes et dénués de pesticides. Impossible également de dénicher des greniers où passer l’été, ni des caves ou des fentes dans les murs pour s’abriter en hiver. Quant aux couloirs de vols libres de construction et de pollution lumineuse, ils viennent aussi à manquer. En bref, l’oreillard gris est privé des milieux naturels riches en espèces dont il a besoin.

Le saumon atlantique (Salmo salar)

Illustration d'un saumon iStock, THEPALMER
ans se sont écoulés depuis l'époque où des millions de saumons vivaient encore dans le Rhin.
Une attente vaine

Depuis de nombreuses années, des saumons atlantiques (Salmo salar) juvéniles sont lâchés par dizaines de milliers dans des eaux potentiellement propices au frai dans le nord-ouest de la Suisse, dans l’espoir que des saumons adultes remontent le Rhin depuis l’Atlantique. 

À ce jour, seuls quelques spécimens y sont parvenus, ce qui est largement insuffisant pour rétablir une population stable. Il y a un siècle, des millions de saumons vivaient encore dans le Rhin. Par la suite, la fonctionnalité du fleuve a été toujours plus impactée par des centrales hydroélectriques, tandis que la qualité de son eau se dégradait, signant l’arrêt de mort du saumon du Rhin. Aujourd’hui, la qualité de l’eau s’est améliorée et plusieurs centrales disposent de passes à poissons. Les efforts considérables entrepris pour faire revenir le saumon, jusqu’ici peu fructueux, montrent qu’il est plus facile de détruire que de restaurer. Et dans le cas de la biodiversité, le besoin de restauration est extraordinairement élevé.

La loutre d'Europe (Lutra lutra)

Illustration d'une loutre
La tendance peut être inversée

Terminons avec une petite lueur d’espoir: parmi les centaines d’espèces animales qui figurent sur nos listes rouges, seules quelques-unes, comme la loutre d’Europe (Lutra lutra), affichent une tendance positive. Victime de la chasse, de la mauvaise qualité des eaux et de la destruction des milieux naturels, ce mammifère était considéré comme éteint en Suisse. Ses populations s’étant rétablies dans les pays voisins, des individus isolés ont à nouveau été observés dans le Rhône, l’Inn, le Rhin et le Tessin. En outre, deux individus qui s’étaient échappés du zoo du Dählhölzli à Berne se sont reproduits dans l’Aar. Cette population est encore modeste et la loutre reste donc une espèce menacée d’extinction en Suisse. Plusieurs éléments positifs permettent toutefois d’espérer qu’elle puisse recoloniser nos eaux. Un retour rendu possible par l’amélioration de la qualité de l’eau, la renaturation des rives et la suppression des obstacles: un exemple magnifique, qui montre que les mesures en faveur de la biodiversité peuvent avoir rapidement des effets concrets.

RAPHAEL WEBER, rédacteur en chef du Magazine Pro Natura

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Info

Cet article a été publié dans le Magazine Pro Natura.

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