Les fonds publics amplifient toujours la destruction de la nature
Dans sa Stratégie Biodiversité de 2012, le Conseil fédéral se fixait l’objectif de réduire au plus tard en 2020 les effets négatifs des incitations et subventions sur la biodiversité, et si possible de les éliminer totalement. À cette date, les messages pour la révision des bases légales auraient dû être prêts. Mais la Confédération n’a rien fait. En 2020, le WSL et la SCNAT ont publié un rapport révélant l’énorme étendue des dommages à la biodiversité imputables à l’argent public. Ils ont mis en évidence plus de 160 subventions néfastes, représentant annuellement près de 40 milliards de francs. Cinq ans ont encore passé et le Conseil fédéral n’a quasiment rien entrepris. Certaines des subventions néfastes ont même augmenté! Il s’est contenté d’en faire examiner 8 par les offices compétents. Sans surprise, plusieurs offices ont surtout cherché à défendre leur budget et à enjoliver la situation.
Tactique au détriment des générations futures
Un élément ressort clairement de l’évaluation publiée aujourd’hui: en près de treize ans, le Conseil fédéral a perdu beaucoup de temps et ne semble pas prêt à changer de cap. Cette inaction aura un coût considérable pour notre économie et pour la société.
Ignorer les dommages causés par ces milliards de francs de subventions et incitations financières dommageables à la biodiversité est d’autant plus choquant que le Conseil fédéral propose simultanément de diminuer les ressources allouées à sa protection dans son Programme d’allègement 2027, mis aujourd’hui en consultation. Au lieu de lutter contre la destruction des bases de notre vie, le Conseil fédéral accroît encore la dette que nous laisserons aux générations futures. Et l’État – et donc le contribuable – passe deux fois à la caisse: d’abord pour financer des subventions, puis lorsqu’il doit intervenir pour réparer les dommages.
Le Conseil fédéral publiera la prochaine évaluation globale en 2028, soit deux ans avant que la Suisse n’ait à rendre compte de ses progrès en la matière lors de la Conférence internationale sur la biodiversité. Pour qu’un quelconque résultat puisse alors être présenté, il faut accélérer le tempo et s’engager de manière beaucoup plus forte contre cette destruction de la nature incitée ou soutenue par l’État.
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Communiqué commun de BirdLife Suisse et Pro Natura