Lolas Wunsch Titelbild

Conte de Noël Pro Natura

Suivez Lola la chèvre dans ses aventures et découvrez ce qu’elle peut accomplir. Laissez-vous charmer par notre conte de Noël et contribuez par un don à ce qu’il devienne réalité!

Le vœu de Lola 

Depuis qu’elle est toute petite, Lola a le sentiment d’être spéciale. Non pas qu’elle se complaise dans cette idée qui, au contraire, lui est presque désagréable et la met mal à l’aise. Elle ne la formulerait jamais à voix haute devant quiconque. Mais au fond d’elle-même, Lola sent qu’elle accomplira un jour quelque chose de grand. Comme Rosa Parks. Ou Jane Goodall. Ou Jane Austen. Mais ce sont toutes des humaines! Il faut savoir que si Lola s’adressait à vous, vous n’entendriez qu’un «bêêêêê». Eh oui, Lola est une chèvre. Mais Lola a toujours aimé écouter les gens. Ainsi, elle tend l’oreille lorsque des groupes de randonneurs parlent à côté de son pâturage, par exemple au sujet des chimpanzés de Tanzanie. Mais les chèvres ne se contentent pas d’écouter des histoires, elles en vivent aussi. 

 

1ère PARTIE : Lola et l’orchidée solitaire  

 

Lola la petite chèvre regarde au loin par la fenêtre de la chèvrerie. Depuis quelques jours, une couche de neige scintillante recouvre les prairies et collines environnantes ; des chants de Noël s’élèvent de la ferme toute proche; l’odeur des biscuits de Noël tout juste sortis du four flotte dans l’air. Lola aime observer le monde qui l’entoure. Même lorsque la nuit tombe, elle reste à la fenêtre. Une étoile filante fend le ciel. Oh, je peux faire un vœu, pense Lola, ravie. L’image d’une orchidée lui vient immédiatement à l’esprit. Vera me manque! J’aimerais pouvoir aller la voir. Lola a fait la connaissance de Vera, l’orchidée, au printemps dernier dans son pâturage. À l’époque, Lola ne savait pas encore qu’elle allait accomplir de grandes choses à cet endroit. C’est les yeux brillants que Lola se remémore sa première rencontre avec Vera. 

Au printemps, Lola se trouvait devant son nouveau logis avec un troupeau de vingt-cinq chèvres. Mais là où elle pensait trouver un pâturage ordinaire s’étendait un paysage couvert de ronces, d’arbustes et de buissons. Le site était tellement envahi par la végétation qu’il était presque impossible de s’y promener. Pour Lola, il s’agissait là d’un environnement inhabituel. Son envie de l’explorer en était d’autant plus forte. Sans se laisser décourager par les branches qui la griffaient, Lola se faufila d’un arbuste à l’autre, arrachant avec enthousiasme les pousses savoureuses. Elle bondit et atterrit avec grâce à côté d’un fourré d’aubépines et de prunelliers. 

«Attention!» 

Oups, qui est là? Lola regarda autour d’elle, perplexe. 

La voix délicate se fit à nouveau entendre: «Je suis ici, par terre.» Sur une touffe d’herbe au milieu des fourrés, Lola aperçut les fleurs fanées d’une orchidée. Les feuilles de celle-ci, abîmées, présentaient par endroits une coloration violette. Elle a dû être belle autrefois. Je me demande ce qui lui est arrivé. Lola baissa la tête et s’excusa: «Je suis désolée. J’ai bien failli ne pas te voir. Comment va la vie, là en dessous?» 

L’orchidée répondit tristement: «Pas très bien. Je manque d’énergie.» 

«D’où tires-tu ton énergie?» 

«Du soleil.» 

Lola leva les yeux vers le ciel. Cet après-midi-là, le soleil se cachait derrière une épaisse couche de nuages. «J’aimerais pouvoir t’aider.» 

«Tu ne voudrais pas me tenir compagnie un moment?» 

«Oui, bien sûr.» Mais Lola ne savait pas vraiment ce que cela impliquait. Que signifie tenir compagnie à quelqu’un? 

Vera la tira de ses pensées. «Que vois-tu de là-haut?» 

Une question simple. «Je vois beaucoup de buissons. Un ciel gris. Et les collines tout autour.» 

Vera ne sembla pas satisfaite de cette réponse. «Prends un moment pour réfléchir. Regarde très attentivement. Et ensuite, dis-moi encore une fois ce que tu vois.» 

Mais qu’est-ce que cette orchidée attend de moi? Lola se mit à observer autour d’elle. Au bout d’un moment, elle remarqua certains détails. «Je vois un océan de buissons dont les branches s’entrelacent. On dirait un labyrinthe. Dans l’ombre des buissons, je ne distingue pas grand-chose. Mais si, là ! Une petite chenille verte. Elle a beaucoup de poils tout fins. Oh, et là-haut dans le ciel, une volée d’hirondelles passe devant les nuages.» Tout à coup, une goutte de pluie tomba sur le museau de Lola. Elle releva la tête et put observer une autre goutte de pluie tomber du ciel. Jamais auparavant elle n’avait observé le trajet de la pluie vers la terre. «Les gouttes de pluie tombent très lentement. Je peux toutes les voir tomber, Vera!» 

Un troglodyte mignon, attiré par cette joyeuse conversation, se posa sur une petite branche, la queue dressée, et se mit à écouter. 

«Tu as un talent naturel pour l’observation, Lola!» 

«Et toi, que vois-tu de là en dessous, Vera?», questionna à son tour Lola. «Pas grand-chose, malheureusement. Avant, je pouvais laisser mon regard vagabonder au loin. Je voyais les contours des collines, le jeu des nuages. Le soleil me réchauffait. Je pouvais passer des heures à regarder les papillons danser. Des vaches passaient près de moi et nous étions beaucoup d’orchidées. Je n’étais jamais seule. Mais ensuite, les premiers buissons sont apparus. Mes sœurs orchidées ont disparu les unes après les autres. Tout est devenu plus exigu et plus sombre.» 

Lola aurait bien aimé en savoir plus, mais le troglodyte mignon n’aimait pas les histoires tristes. Il annonça donc dans un trille jubilatoire qu’il avait de bonnes nouvelles. Lors de ses balades, il écoutait souvent les conversations des gens. Ces derniers mois, il y en avait régulièrement qui parlaient d’«inventaire des espèces», des mots qu’il avait saisis au vol sans les comprendre. Ces gens avaient constaté qu’il n’y avait plus autant de plantes et d’animaux qu’auparavant. Ils disaient aussi qu’ils voulaient faire refleurir le pâturage. À l’aide de chèvres. Cela étonna Lola. Quoi, avec mon aide? Mais que dois-je faire? 

2e PARTIE : Le pâturage revit

Comme chaque année, le deuxième dimanche de l’Avent, le fermier accroche une étoile de Noël en paille au-dessus de la porte de la grange. Lola ne sait pas vraiment pourquoi. Ce qui lui saute aux yeux, c’est la longue queue de l’étoile. Aussitôt, cette vision la ramène en pensée au pâturage une nuit d’été. 

Lola s’était émerveillée à la vue d’une étoile filant à travers le ciel nocturne et laissant une trainée derrière elle. Vera lui avait expliqué qu’il s’agissait d’une étoile filante. Et mieux encore, que si l’on en voyait une, on pouvait faire un vœu. Cependant, Vera n’avait pas précisé qu’il fallait le faire en silence pour soi-même. Lola avait donc proclamé haut et fort: «Je veux être une chèvre spéciale et changer le monde.» 

Aujourd’hui encore, Lola ne cesse de penser à ce que Vera lui avait alors répondu. «Mais tu es déjà en train de changer le monde! En mangeant les branches et les feuilles des buissons, tu permets à la lumière d’arriver jusqu’au sol. Ce qui aide de nouvelles plantes à pousser. N’as-tu pas remarqué que le soleil arrive à nouveau jusqu’à moi et que deux autres orchidées sont apparues là-bas? Et dès que diverses fleurs reviennent, il y a aussi plus d’animaux. Tu vois les sauterelles et les papillons? Les oiseaux s’en réjouissent. Et regarde, je ne suis pas la seule à aimer la lumière. Là-bas, il y a Édi, le lézard agile. Cela faisait une éternité que je ne l’avais plus vu ici.» Et effectivement: Édi prenait un bain de soleil sur un tas de pierres non loin de là et les salua aimablement. Ce tas de pierres avait été construit par un groupe de personnes portant des t-shirts ornés d’un bouquetin. Ils avaient également scié et empilé des branches pour créer des cachettes. Lola était ravie de voir les êtres humains et les animaux travailler ensemble pour redonner vie à ce pâturage. 

Le fermier avait constaté que le travail des chèvres portait ses fruits. C’est pourquoi il amena un deuxième troupeau sur le pâturage au milieu de l’été. C’est ainsi que Lola fit la connaissance de Max. Lola n’avait encore jamais rencontré d’autre chèvre aimant explorer de nouveaux endroits autant qu’elle. Elle emmenait Max partout avec elle et le guidait vers les meilleurs noisetiers. Elle lui montrait aussi comment prendre le temps de vraiment observer son environnement. Comme Vera le lui avait appris. D’ordinaire, Max avait du mal à rester calme et tranquille. Mais pour faire plaisir à Lola, il joua le jeu. 

«Tu sais, Max, j’ai remarqué que ce que nous faisons ici est vraiment important. Je suis heureuse de voir que la vie revient progressivement sur ce pâturage depuis que nous mangeons les buissons.» 

«Je n’avais jamais remarqué tout ce qui vole, rampe et saute autour de moi. Mais c’est vraiment un bel endroit ici, Lola.» 

Après tout, on ne peut protéger que ce qu’on voit et ce qu’on aime. Lola pensait qu’il était temps que Max et Vera se rencontrent. Mais un croassement sonore interrompit son projet. Le geai des chênes donnait l’alerte: un lynx! Un lynx à la lisière de la forêt!

Edi und die Ziegen

3e PARTIE: Un vœu se réalise 

Bien à l’abri dans la chèvrerie, Lola repense à sa rencontre avec le lynx. Elle pose sa tête sur le dos de Max, couché à côté d’elle. «Tu te souviens, l’été dernier, quand tu t’es retrouvé face au lynx?» Le pâturage vert et les yeux jaunes et brillants du lynx surgissent dans l’esprit de Lola. 

Après les cris d’alerte du geai des chênes, la panique s’était répandue. Toutes les chèvres s’étaient éloignées en toute hâte de la lisière. Toutes, sauf Max. Il s’était dirigé tout droit sur le lynx. Après tout, il n’en avait encore jamais rencontré! Lola l’avait suivi sans réfléchir. Lorsqu’ils furent tout près du lynx, Lola planta ses sabots dans le sol et s’écri : «Arrête, Max!» 

Mais Max se trouvait juste en face du lynx et le fixait du regard. Seuls quelques mètres les séparaient. «D’où viens-tu? », demanda Max au lynx. «Et que fais-tu ici?», ajouta-t-il. 

Le lynx ne fit pas mine de bouger et encore moins de répondre à Max. 

Lola suivait la scène avec inquiétude. Pourquoi Max parle-t-il au lynx? J’ai si peur des lynx! 

Max, imperturbable, continuait à poser des questions: «Penses-tu que l’hiver sera rude?» Max et le lynx se regardèrent. Max ne pouvait plus détourner son regard. Le lynx est une créature magnifique, pensa-t-il. En même temps, il remarqua qu’il ne pouvait plus remuer ses pattes. Son corps était comme paralysé. Pouvait-on ressentir à la fois de la peur et de l’admiration? Max eut à peine le temps de laisser cours à ses pensées que le lynx disparaissait à nouveau dans la forêt, à pas feutrés. 

Ziegen und der Zaun Silvia Fux

«Max, c’était complètement stupide! Ça aurait pu mal se terminer», s’indigna Lola. 

Max hocha alors la tête en direction de la lisière de la forêt. «Je ne l’ai vu qu’après coup, mais nous sommes à l’abri des prédateurs, Lola. Regarde la clôture que les êtres humains ont installée pour nous protéger.» Lola vit alors la clôture: de solides piquets de bois plantés tous les cinq mètres et réunis par de gros fils de fer. La clôture tient les lynx à distance, pensa Lola, rassurée, mais... 

«Elle nous empêche aussi de quitter un jour ce pâturage», compléta Max avec une certaine nostalgie. «J’aimerais pouvoir découvrir cette forêt.»  

Après toutes ces émotions, l’estomac de Lola se manifesta brusquement. «Non, Max. Je pense qu’avant d’explorer de nouveaux mondes, nous avons encore beaucoup à faire ici. Nous avons une tâche à accomplir sur ce pâturage. Attaquons-nous à ces buissons pour que Vera ait à nouveau beaucoup de sœurs orchidées, que les papillons volètent et que les sauterelles bondissent!» 

Lola soupire et ouvre les yeux. Elle est à nouveau là, dans son gîte d’hiver. «Vera me manque», murmure Lola dans le poil rugueux de Max. «C’était beau de voir ses pétales briller au soleil. Pourquoi fallait-il que l’hiver arrive?» 

«Réjouissons-nous du printemps prochain. Nous retrouverons Vera et ses sœurs.» 

Par la fenêtre de la chèvrerie, Lola aperçoit le ciel étoilé. Elle n’a pas besoin d’étoile filante aujourd’hui. Son vœu s’est réalisé. Elle a vécu une expérience exceptionnelle et contribué à changer un petit monde, celui du pâturage. 

Ziegenprojekt
Des chèvres au service de la nature

À Crémines, un pâturage s’embroussaille fortement depuis des années à cause de la déprise agricole. Pour sauver ce biotope exceptionnel, nous avons lancé un projet de revalorisation.