David Gerke défend les intérêts du loup
«Oui, le loup est fascinant», reconnaît-il, «mais ce n’est qu’un animal parmi d’autres, comme des millions d’autres espèces.» Ce qui l’intéresse davantage, c’est le contexte qui entoure la question du loup. L’engagement de David Gerke relève en partie du hasard. En 2001, alors qu’il n’avait que 15 ans et commençait à s’intéresser à la politique, l’image du loup abattu dans le val Bregaglia après avoir tué des dizaines de moutons, faisait la une des médias.
Aujourd’hui, peu de personnes en Suisse possèdent autant de connaissances que lui sur le loup. Agriculteur et berger, scientifique expert en matière de chasse, lui-même chasseur et député vert du canton de Soleure, il dispose d’une expertise largement reconnue. Les journalistes apprécient sa capacité à fournir des informations de manière pragmatique et à éviter la polémique. Sa façon d’aborder les conflits sans fléchir face à la pression en fait une figure souvent sollicitée.
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Henrik Aija
Aujourd’hui, David Gerke doit se battre contre un nouveau phénomène: l’assouplissement de la protection des espèces. Il mène ce combat aussi bien dans la Berne fédérale que sur les alpages après une attaque de loup. Une démarche qui demande beaucoup de courage compte tenu du contexte souvent chargé d’émotions. Dans ces situations, il écoute attentivement et fait valoir ses arguments. Son grand atout: il est crédible dans les deux sphères. Sur l’alpage, il comprend la douleur des bergers; en politique, il influence concrètement la révision de l’ordonnance sur la chasse.
Le Groupe Loup Suisse, qu’il dirige depuis 2022 après l’avoir présidé bénévolement depuis 2005, est une organisation hybride de protection des animaux et de la nature. Pour ses membres, le loup n’est pas seulement une question biologique, mais aussi un enjeu culturel. Il s’inscrit au carrefour de l’agriculture, de l’écologie, de l’économie, de la biologie, du droit et des dynamiques sociales. Cette diversité de thèmes plaît à David Gerke, qui a façonné les tâches et les objectifs de l’association à l’image de ses intérêts et de ses priorités.
«Pour moi, protéger la nature, c’est protéger ses processus», explique-t-il. «Il ne faudrait pas chercher à conserver la nature, mais à la laisser évoluer.» Ce qu’il apprécie particulièrement dans le retour du loup en Suisse, c’est que cet animal déclenche des processus à tous les niveaux, que ce soit dans les écosystèmes, dans la société ou dans les esprits.
BRIGITTE WENGER est journaliste indépendante.
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Info
Cet article a été publié dans le Magazine Pro Natura.
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