Giulia Tognola
Crise climatique

«La lenteur des processus politiques me frustre»

En janvier 2019, ils étaient 15 000 émules de Greta Thunberg à prendre part à la première Grève du climat en Suisse. Cinq ans plus tard, les jeunes sont-ils toujours autant investis pour la protection de la planète?

Comment est né votre engagement?

Ça a commencé en 2019, avec les grèves du climat et des femmes. Et je me souviens avoir été super en colère après la votation sur les multinationales responsables en 2020. J’avais besoin de canaliser cette émotion, je ne voulais pas rester à m’énerver toute seule dans mon coin. Je me suis alors inscrite chez les Jeunes Vert·e·x·s.

Giulia Tognola Fabian Biasio
Giulia Tognola, 21 ans, conseillère générale à la Ville de Fribourg

Pourquoi avoir opté pour la politique plutôt que le militantisme?

C’était la voie à laquelle j’avais le plus facilement accès. Je viens d’une famille très politisée, très ancrée à gauche. Cela dit, je comprends complètement les démarches des mouvements militants et je trouve qu’il faut énormément de courage pour se lancer dans de telles actions. Début 2021, j’ai été élue au Conseil général de Fribourg, sous la bannière verte. Je pensais que j’allais changer le monde… avant d’être confrontée à la réalité du fonctionnement politique!

C’est-à-dire?

La lenteur des processus me frustre, surtout face à l’urgence de la situation. Je me pose de plus en plus de questions sur l’efficacité du fédéralisme quand il s’agit de réagir rapidement à des problèmes aussi cruciaux que le réchauffement climatique. 

Vous avez perdu la foi?

Non, même si je suis parfois découragée, mon engagement est toujours aussi fort et il a été d’autant plus intense pendant les élections fédérales de 2023: en tant que vice-secrétaire générale des Jeunes Vert·e·x·s, je me suis beaucoup investie. Et même si je quitte un jour la politique, ce sera peut-être pour le milieu associatif. D’une manière ou d’une autre, je trouverai toujours un moyen de m’engager.

Vous étudiez les sciences politiques : vers quelle carrière vous orientez-vous? 

Je ne sais pas encore exactement, mais j’envisage un master à Bâle sur les changements sociaux liés aux migrations, aux conflits et à la répartition des ressources. Les questions migratoires m’intéressent beaucoup, d’autant qu’elles sont en partie dues à la crise climatique. Pour moi, l’écologie ne peut être que sociale: elle va nécessairement de pair avec une meilleure répartition des richesses. ta

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Cet article a été publié dans le Magazine Pro Natura.

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